Deux avions transportant ces hommes ont atterri dans la soirée à l'aéroport desservant Caracas.
«Libres, enfin libres!», s'est réjoui le président vénézuélien Nicolas Maduro lors d'un événement public, après des mois d'incertitude sur le sort des 252 Vénézuéliens. Ils avait été expulsés des États-Unis en mars pour être incarcérés au Centre de confinement du terrorisme (Cecot) au Salvador, une prison de haute sécurité prévue pour les membres de gangs.
Le Venezuela n'a pas indiqué combien de ses ressortissants étaient rentrés, mais le président salvadorien Nayib Bukele a déclaré plus tôt sur X avoir remis à Caracas «tous les citoyens vénézuéliens détenus dans notre pays, accusés d'appartenir à l'organisation criminelle Tren de Aragua».
Invoquant une loi de 1798 sur les ennemis de l'étranger rarement utilisée, les États-Unis avaient expulsé vers le Salvador ces migrants accusés, sans preuves ni procès, d'appartenir au gang vénézuélien, des accusations rejetées par leurs proches, restés sans nouvelles depuis.
Le président Maduro a remercié vendredi son homologue américain pour le retour chez eux de ces migrants, saluant «la décision de rectifier cette situation totalement irrégulière».
Cette libération est liée à un échange de prisonniers entre Caracas et Washington.
La Maison-Blanche a indiqué dans la journée que les migrants vénézuéliens avaient été libérés en échange de dix Américains détenus au Venezuela et d'un nombre inconnu de «prisonniers politiques» vénézuéliens.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a remercié le président Bukele «d'avoir aidé à obtenir un accord pour la libération de tous nos détenus américains».
L'ambassade des États-Unis au Venezuela a publié une photo de ces hommes dans un avion, souriants et brandissant des drapeaux américains.
Selon Global Reach, une ONG qui vient en aide aux Américains détenus à tort à l'étranger, parmi les personnes libérées figure Lucas Hunter, un Franco-Américain de 37 ans, arrêté en janvier par les gardes-frontières vénézuéliens pendant des vacances en Colombie.
«Nous avons hâte de le voir en personne et de l'aider à se remettre de cette épreuve», a dit sa soeur, Sophie Hunter, citée dans un communiqué de l'ONG.
L'Uruguay a annoncé qu'un de ses citoyens, résident aux États-Unis, faisait partie des personnes libérées.
Dans un communiqué, Caracas a estimé avoir payé un «prix élevé» pour assurer le retour de ses concitoyens. «Des terroristes contre des innocents», a déclaré le président Maduro.
En plus de la libération des Américains, le Venezuela a accordé des «mesures alternatives» à l'emprisonnement à des Vénézuéliens détenus pour «leur implication dans des crimes communs et des infractions contre l'ordre constitutionnel».
La lutte contre les migrants sans-papiers est une priorité de la nouvelle administration américaine, qui a multiplié les descentes de police et les expulsions.
Washington et Caracas se sont mis d'accord pour renvoyer les Vénézuéliens sans papiers dans leur pays, et des vols arrivent presque quotidiennement des Etats-Unis ou du Mexique.
Selon les chiffres officiels, depuis février plus de 8200 personnes ont été rapatriées au Venezuela depuis ces deux pays, dont environ 1000 enfants.
Au Cecot, les Vénézuéliens détenus n'avaient pas le droit de passer des appels ni de recevoir des visites, et leurs proches ont demandé en vain des preuves de vie.
La dernière fois qu'ils ont été aperçus remonte à mars, lorsqu'ils sont apparus entravés, crâne rasé, à genoux dans la méga-prison salvadorienne.
Nayib Bukele a fait construire le Cecot dans le cadre de sa guerre contre les gangs mais avait accepté des millions de dollars des États-Unis pour y détenir les Vénézuéliens.
Amnesty International, Human Rights Watch et d'autres groupes de défense des droits ont dénoncé à plusieurs reprises ces détentions comme violant les droits humains. (ats)