Des chercheurs de l'Université de Trèves, en Allemagne, ont extrait et analysé des traces génétiques d'insectes à partir de plantes séchées. En examinant, par la suite, des paquets de thés et d'herbes vendues dans le commerce de détail, ils auraient, en effet, identifié les traces de 3264 invertébrés représentant, environ, 1200 espèces.
Dans leurs travaux publiés dans la revue spécialisée Biology Letters, mercredi 15 juin 2022, ces scientifiques listent notamment des araignées, des cafards, et des acariens, ainsi que des mouches, et des papillons ou encore des mantes. Cela, dans quarante échantillons.
Mais comment est-ce possible? Lorsqu'une abeille vole vers une fleur afin de la polliniser, l'animal laisse dans son sillage un peu de salive, et donc de l'ADNe (pour «ADN environnemental»). De même qu'une punaise ou une araignée laisse derrière elles des fils de soie. C'est de cette manière qu'il devient alors possible de détecter l'ADN des insectes, a déclaré le professeur Henrik Krehenwinkel, généticien de l’Université de Trèves.
Les auteurs de cette étude allemande soupçonnent que cette diversité soit induite par la façon dont les herbes séchées sont traitées durant leur production. Lorsqu’elles sont broyées, l’ADN de toutes les parties du champ à l'intérieur duquel ces feuilles sont cultivées (y compris des herbes errantes, des insectes et des œufs) serait conservé. En conclusion: «le séchage semble particulièrement bien préserver l'ADN», précise Henrik Krehenwinkel.
Selon le chercheur, la méthode présentée dans la revue ouvre la possibilité d'analyser des peuplements végétaux anciens, par exemple issus de musées, et de comparer leur colonisation avec celle d'aujourd'hui. «De cette façon, il serait possible de découvrir à quoi ressemblait la communauté d'insectes il y a des années lorsque la plante a été collectée et à quoi elle ressemble sur le site aujourd'hui.»
La biosurveillance de ces communautés est donc importante pour comprendre leur diversité et leurs interactions. À la lumière des récents rapports sur le déclin des insectes, elle semble d'autant plus nécessaire, plus particulièrement afin de comprendre la mortalité des insectes. (mndl)