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Lecornu, censure, destitution: mais qu'est-ce qui se passe en France?

La démission de M. Lecornu, survenue au lendemain de l'annonce de la composition de son gouvernement, a fait grimper le coût de l'emprunt français à dix ans, qui est monté à plus de 3,61%, s ...
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Lecornu, censure, destitution: mais qu'est-ce qui se passe en France?

Après sa reconduction très critiquée au poste de Premier ministre, Sébastien Lecornu doit tout de même tenter de constituer un nouveau gouvernement – sous le feu des critiques, et alors que la «censure» le guette. Voici tout ce qu'il faut savoir des derniers rebondissements dans l'Hexagone.
11.10.2025, 15:4711.10.2025, 15:47
  • Le président Emmanuel Macron reconduit Sébastien Lecornu comme Premier ministre, malgré les critiques.
  • La droite française (Les Républicains) refuse de participer au nouveau gouvernement.
  • La gauche, les écologistes et l’extrême droite annoncent des motions de censure, et certains élus de La France insoumise évoquent une motion de destitution d’Emmanuel Macron.

De nouveau sous la menace de censure après sa reconduction très critiquée au poste de Premier ministre, Sébastien Lecornu doit désormais constituer un nouveau gouvernement, qu'il a espéré samedi «libre» et «pas emprisonné dans les partis». Des ténors des Républicains (LR) ont refusé de participer.

Contre l'avis général, le président de la République Emmanuel Macron a finalement reconduit tard vendredi soir son fidèle lieutenant à Matignon.

Lors de son premier déplacement samedi au commissariat de l'Haÿ-les-Roses, en banlieue parisienne, Sébastien Lecornu a souhaité constituer un gouvernement «libre», comprenant des personnalités «avec des sensibilités partisanes mais pas emprisonnées par les partis» et a rappelé n'avoir «pas d'agenda» personnel.

«Je n'ai pas le sentiment qu'il y avait beaucoup de candidats, pour être complètement transparent»

A-t-il ironisé en réponse aux critiques virulentes qui ont accueilli sa reconduction à Matignon.

Les Républicains ne participeront pas (mais soutiennent)

Mais dès samedi matin, le président des Républicains et ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, ainsi que le président du Sénat Gérard Larcher, se sont prononcés contre toute participation à son nouveau gouvernement lors d'une réunion des parlementaires LR.

Le PS «va faire du chantage à la censure et le prochain gouvernement devra renoncer à tout: le sérieux budgétaire, le régalien, la défense du travail», a expliqué Gérard Larcher, tandis que Bruno Retailleau confirmait que lui-même n'irait pas. Une décision que Lecornu a dit «respecter».

Les sénateurs LR se sont également dits favorables à «un soutien sans participation». Vendredi, une très large majorité des députés LR s'était déjà prononcée pour un «soutien» au Premier ministre, estimant que sa reconduction donnait «une chance de stabilité» au pays. C'est donc bien une formule de soutien sans participation qui semble se dessiner.

Son premier gouvernement a survécu... 14 heures

A l'issue d'une folle semaine entamée par sa démission et celle de son premier gouvernement, qui n'aura survécu que 14 heures, Sébastien Lecornu va donc tenter un nouvel essai pour former une nouvelle équipe gouvernementale, entre les menaces de censure des oppositions et un «socle commun» de la droite et du centre largement mis à mal.

Le temps presse pour pouvoir laisser au Parlement les 70 jours requis par la Constitution pour l'examiner avant le 31 décembre. Il faudrait que le texte soit transmis lundi au Parlement, en principe après un passage en Conseil des ministres.

Sébastien Lecornu a prévenu que le futur gouvernement devrait «incarner le renouvellement et la diversité des compétences», demandant aux prochains ministres de «s'engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027». Ce qui, outre Bruno Retailleau, semble exclure le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

Macron épinglé par son propre parti

Au sein du camp présidentiel, c'est le désarroi qui a dominé ces derniers jours, à mesure qu'une reconduction de Sébastien Lecornu se profilait. Plusieurs personnalités du parti présidentiel Renaissance se sont prononcées contre et son chef, Gabriel Attal, a invité Emmanuel Macron à «partager le pouvoir». Samedi cependant, il a jugé que «le seul enjeu qui vaille désormais, c'est de doter la France d'un budget».

Et le parti Horizons de l'ex-Premier ministre Édouard Philippe, réuni samedi en bureau politique, continue d'envisager pour la première fois depuis sa création un soutien sans participation au gouvernement si celui-ci touche au «coeur» de la réforme des retraites de 2023.

Or, le Premier ministre a rappelé que sur cette réforme «tous les débats sont possibles, dès lors qu'ils sont dans un cadre réel et réaliste, y compris sur les questions budgétaires».

«Un nouveau bras d'honneur»

Le Parti socialiste que l'exécutif voudrait convaincre d'un accord de non-censure dit attendre la déclaration de politique générale du Premier ministre prévue la semaine prochaine.

Mais il a prévenu: sans confirmation «de l'abandon du 49-3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d'achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons».

Le reste des formations politiques d'opposition de gauche (LFI, PCF, Écologistes) ont promis de censurer dès l'annonce de la reconduction.

Lecornu 2, «c'est pire qu'une provocation, ça a vraiment un côté de négation totale des votes (...). Finalement, il (Macron) dit un peu aux Français +je vous emmerde, je fais ce que je veux+», s'est indigné la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain samedi sur franceinfo.

«Un nouveau bras d'honneur aux Français d'un irresponsable ivre de son pouvoir»

A écrit le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur X, en précisant que son mouvement déposerait «une nouvelle motion de destitution du président de la République» et censurerait «immédiatement» le prochain gouvernement.

Même son de cloche à l'autre bout du spectre politique, où le président du Rassemblement national Jordan Bardella a déclaré que son parti «censurera bien sûr immédiatement cet attelage sans aucun avenir», en dénonçant «une mauvaise plaisanterie». (sda/ats/afp)

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