Dans un scrutin à bulletin secret à la demande d'une partie des élus, le conseil municipal a voté l'abrogation de deux délibérations, l'une de 1986 qui avait baptisé la rue de «La Négresse», l'autre de 1861, supposée avoir introduit ce nom pour un quartier.
Le 6 février, la cour administrative d'appel (CAA) de Bordeaux (sud-ouest) avait fait droit à une demande de l'association bordelaise Mémoires et Partages, donnant trois mois à la municipalité pour abroger ces délibérations.
L'appellation «La Négresse», «raciste et sexiste» selon les requérants, est «de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine» et peut être perçue par la population, «qu'elle soit résidente ou de passage, comme comportant un caractère offensant à l'égard des personnes d'origine africaine», avaient conclu les juges.
Plusieurs centaines d'expéditions négrières sont parties du sud-ouest de la France, notamment Bordeaux, vers l'Afrique entre le 17ème et le 19ème siècle.
«En dépit d'un désaccord sur le fond et la forme, nous devons exécuter cette décision», a introduit Maider Arosteguy, maire (LR) de Biarritz, au début du conseil municipal.
Après avoir abrogé les délibérations visées, le conseil s'est toutefois borné à renommer uniquement la rue, invoquant le Code général des collectivités territoriales qui oblige une commune à dénommer ses rues, mais pas un quartier. Le panneau de la rue de «La Négresse» sera bien enlevé et changé d'ici le 16 juin, mais «aucune décision n'oblige à enlever les mots 'La Négresse' sur le reste de l'espace public», a insisté Maider Arosteguy.
Elle «espère» que «le conseil d'Etat», plus haute juridiction administrative française, «va rétablir la décision de la première instance» rendue à Pau (sud-ouest) qui avait rejeté la demande de Mémoires et Partages. Cette dernière, avant le conseil, a regretté un «énième pied de nez» avec le choix du nom l'Allégresse, désigné après une consultation citoyenne.
Selon les historiens, le terme «La Négresse» aurait été attribué à ce quartier par des soldats napoléoniens au début du XIXème siècle en raison de la présence d'une auberge tenue «par une femme très brune». D'autres sources attribuent l'origine du terme à l'expression gasconne «lane gresse», désignant une terre d'argile présente dans cette partie de la commune. (mbr/ats)