On aurait pu baptiser cette pâtisserie composée de pâte à biscuit, de crème à la vanille et de glaçage au chocolat «tranche à la vanille» ou «tranche noire et blanche». Les habitants de Mandach, eux, ont préféré appeler leur pâtisserie traditionnelle «Negerschnitte», ou «tranche de nègre». Un nom qui leur vaut de nombreuses critiques.
En effet, cette pâtisserie a été proposée dimanche dernier à Klingnau (AG) lors d'une manifestation, comme l'a indiqué 20 Minuten. Un lecteur a alors envoyé une photo au journal avec la remarque suivante:
Ce n'est pas la première fois que l'expression «tranche de nègre» suscite un tollé. En 2015 déjà, CH Media (dont watson fait partie) avait publié un article faisant référence à cette appellation raciste.
A l'époque, le maire de Mandach, Lukas Erne, avait déclaré que le nom de la pâtisserie avait été choisi par des boulangers privés. Selon le site web de la commune, les boulangers se sont inspirés des armoiries de Mandach, qui représentent une personne Noire avec des éléments stylistiques typiquement racistes, dont des lèvres rouges épaisses et des cheveux crépus.
Un habitant du village a déclaré à 20 Minuten que la recette venait d'Autriche. En 2015 déjà, le site web de la commune indiquait que l'on n'avait pas encore trouvé de nom alternatif pour cette pâtisserie.
Le fait que la recherche d'un autre nom paraisse si difficile ne semble pas être dû à la complexité de la tâche. Les habitants de Mandach défendent le choix du nom: «Je ne comprends pas pourquoi les gens s'excitent. Personne ici ne pense que c'est raciste», explique Fritz Keller à 20 Minuten. Il estime que le nom ne pose pas de problème. Et à une autre villageoise, dérangée par le fait que l'on doive aujourd'hui changer des termes utilisés depuis longtemps, de renchérir:
Suffit-il de dire que l'on n'a pas d'intention raciste pour qu'un terme ne pose pas de problème? «Non», selon Philip Bessermann de la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme (GRA). Ce n'est pas parce que le mot «nègre» n'est pas utilisé pour désigner une personne dans ce contexte qu'il ne peut pas blesser les «people of color», c'est-à-dire les personnes racisées.
A ses yeux, la plupart des gens savent très bien qu'il s'agit d'un terme péjoratif et raciste. «Ce serait une marque de respect que de simplement renommer les pâtisseries. Mais dans de tels cas, les responsables s'y refusent souvent obstinément, soit par dépit, soit pour ne pas faire plaisir au camp progressiste.»
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci