Face à l'ampleur du feu, l'UE s'est dite «prête à mobiliser» des moyens, «si nécessaire». Alors que l'incendie se dirigeait vers le sud-est et le littoral méditerranéen, le vent a changé de direction «et pousse l'incendie à revenir vers son point de départ», a déclaré à l'AFP Lucie Roesch, une représentante locale de l'Etat français.
«Le vent et la trajectoire du feu évoluent. On réajuste le dispositif. L'incendie va vers des zones boisées assez inaccessibles», a-t-elle ajouté, soulignant que «la situation est toujours défavorable» en raison de la sécheresse, de la chaleur et du «vent fort».
Menacée mardi soir et dans la nuit par la progression de l'incendie, l'autoroute A9 entre la France et l'Espagne a pu rouvrir en début d'après-midi. Dans la commune la plus sinistrée, Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, située à 30 km de la ville de Narbonne, une femme de 65 ans a été retrouvée morte dans sa maison, a précisé Rémi Recio, représentant local de l'Etat. Un autre habitant qui avait été porté disparu a été retrouvé vivant, ont annoncé les pompiers.
La préfecture a également comptabilisé 13 blessés: deux habitants hospitalisés, dont un grièvement brûlé, et onze sapeurs-pompiers, dont un grièvement atteint.
Le feu a parcouru 16 000 hectares de garrigue et de résineux sur le territoire des 15 communes touchées, détruit ou endommagé 25 habitations ainsi que 35 véhicules, selon un bilan encore provisoire qui ne précise pas encore la superficie brûlée. Le chef du gouvernement, François Bayrou, se rend sur place dans l'après-midi, ainsi que le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
Surplombant le front de l'incendie, un photographe de l'AFP a pu voir le feu progresser très rapidement dans une fumée opaque, alors que de hautes flammes attisées par le vent rongeaient les crêtes du paysage vallonné du massif des Corbières, où de nombreux autres foyers continuent de brûler la pinède et la végétation rase.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes du feu, encore inconnues, qui est parti peu après 16h00 mardi, a-t-on appris auprès du parquet local. Aucune hypothèse n'est pour l'heure privilégiée. Dans le ciel, tous les moyens aériens nationaux ont été mobilisés. Un dispositif «colossal», selon Recio, précisant que 2000 pompiers sont appuyés par 500 engins au sol.
Il s'agit à ce stade du plus gros incendie de l'été en France. Fin juillet, à la moitié de la saison estivale, la Sécurité civile avait comptabilisé plus de 15 000 hectares brûlés sur le territoire national pour 9000 départs de feu, principalement sur le littoral méditerranéen.
Plus de 2500 foyers sont toujours privés d'électricité et il est trop tôt pour les centaines d'habitants évacués mardi soir pour regagner leur domicile, a prévenu la préfecture.
Les autorités ont réitéré leurs consignes de sécurité à la population, appelant à «rester confinés sauf ordre d'évacuation donné par les sapeurs-pompiers» et à ne pas encombrer le réseau routier pour ne pas gêner les secours.
Miné par une sécheresse persistante qui rend facilement inflammable la végétation, le département a été placé en vigilance rouge aux feux de forêt, avec un risque «très élevé» d'incendie. Plusieurs incendies ont déjà touché le sud de la France depuis le mois de juin. Quelque 24'000 hectares ont brûlé en France depuis le début de l'année, selon le service européen Copernicus, dont les données s'arrêtent au 5 août.
Un feu de forêt s'est également déclaré mardi dans une forêt de la station balnéaire de Tarifa, dans l'extrême sud de l'Espagne, conduisant à l'évacuation de «1550 personnes», alors que l'Espagne connaît cette semaine une intense vague de chaleur. Les experts estiment que le changement climatique causé par l'homme augmente l'intensité, la durée et la fréquence des chaleurs extrêmes qui alimentent les feux de forêts. (sda/ats/afp)