«La situation humanitaire à Gaza est catastrophique et continue de se détériorer.» C'est ainsi que débute une lettre ouverte adressée ce mercredi au Conseil fédéral. La missive condamne «l'inaction de la Suisse face au massacre de dizaines de milliers de civils par Israël» et porte la signature de nombreuses associations et personnalités publiques, allant du professeur Marcel Tanner aux anciennes conseillères fédérales Ruth Dreifuss et Micheline Calmy-Rey.
«Le blocage systématique de l'aide humanitaire par Israël, la destruction ciblée des infrastructures civiles et le déplacement massif de la population sont en contradiction flagrante avec le droit international humanitaire, notamment les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels», liste la lettre.
De nombreuses organisations humanitaires, telles que le CICR, Médecins Sans Frontières, Amnesty International et Human Rights Watch, font en effet état d'un «nettoyage ethnique», voire d'un «génocide» actuellement en cours à Gaza. La Cour internationale de justice (CIJ) a confirmé qu'il existe un «risque plausible de génocide» et qu'Israël est tenu de le prévenir, ajoute la lettre.
Et de rappeler les récentes déclarations de nombreux décideurs politiques et militaires israéliens, selon lesquels Gaza devait être occupée de manière permanente, voire «totalement détruite», et que sa population devait être «déportée».
«Ces déclarations renforcent le soupçon sérieux que le gouvernement israélien commet un génocide contre les Palestiniens, au sens de la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide», peut-on lire dans la missive.
Pourtant, déplorent les auteurs de la lettre, la Suisse «garde le silence». Dans une prise de position très attendue sur la question, vendredi dernier, Ignazio Cassis s'est contenté de dire que «la priorité numéro une» était «l’arrivée immédiate de l’aide humanitaire», suivie par la «libération des otages» et «un cessez-le-feu».
«La Suisse doit elle aussi s’engager pour mettre fin aux tueries à Gaza», commente Ruth Dreifuss.
Selon l’ancienne cheffe du Département fédéral des affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, «la Suisse a une responsabilité particulière». «Lorsque le droit international et les principes fondamentaux de l’humanité sont systématiquement violés à Gaza, le Conseil fédéral ne peut pas rester silencieux. Sinon, il se rend complice».
«Ce que fait le gouvernement israélien à Gaza est inacceptable. La Suisse ne peut plus rester silencieuse», renchérit Ruven Bar Ephraïm, rabbin de la communauté juive libérale de Zurich.
Les signataires appellent le Conseil fédéral à «s’engager résolument» en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, de la libération de tous les otages et prisonniers politiques, ainsi que d’un accès humanitaire sans entrave à Gaza. Pour ce faire, ils ont formulé dix exigences, comprenant, en plus des éléments déjà évoqués, la suspension des exportations liées à la sécurité et la condamnation des appels au transfert ou à la déportation.
«L’inaction persistante face à des crimes graves et dûment documentés mine profondément la crédibilité de l’ordre juridique international», poursuivent les signataires de la missive. Et de conclure:
(asi)