Mohammed Ghonim travaille comme médecin aux urgences de l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza. Cela fait 20 jours qu'il n'a pas quitté son lieu de travail. Chaque jour, la situation s'empire. Le jeune médecin âgé de 28 ans raconte:
Il dit que les patients doivent souvent être traités dans les couloirs et au sol, tant l'hôpital est surpeuplé. Outre les blessés, de nombreux civils chercheraient également refuge dans l'enceinte de l'hôpital.
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Mais comme l'armée israélienne l'a annoncé la semaine passée, les terroristes du Hamas fréquentent aussi le principal hôpital de la bande de Gaza. «Nous avons des preuves concrètes que des centaines de terroristes ont afflué vers l'hôpital pour s'y cacher après les massacres du 7 octobre», a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, principal porte-parole de l'armée israélienne.
IDF says Hamas uses Shifa Hospital in Gaza as underground base.
— Clash Report (@clashreport) October 27, 2023
IDF claims there are several underground complexes used by Hamas to direct their activities and a tunnel that reaches the hospital, and allows entrance to the Hamas headquarters without going through the hospital. pic.twitter.com/4MakZfG3Ud
En réaction à l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, au cours de laquelle au moins 1400 personnes ont été tuées et plus de 200 emmenées en otage à Gaza, Israël bombarde presque continuellement des cibles du Hamas. Selon l'armée israélienne, son objectif est de détruire l'infrastructure militaire et les entrepôts d'armes du Hamas. Problème:
L'hôpital Al-Shifa serait notamment utilisé pour dissimuler des postes de commandement et des points d'accès au vaste réseau de tunnels sous la bande de Gaza. Daniel Hagari accuse le Hamas d'utiliser l'hôpital, avec ses 1500 lits et ses quelque 4000 employés, comme bouclier humain. Comme de nombreux civils à Gaza, le jeune médecin ne s'exprime pas sur les affaires liées au Hamas.
Comme le dit Mohammed Ghonim, l'hôpital n'a pour l'instant pas été attaqué par des roquettes israéliennes. «Le département de la santé nous a toutefois averti que cela pourrait encore arriver». Le porte-parole militaire israélien a confirmé:
Depuis le 7 octobre, Israël a imposé un blocus presque impénétrable à la bande de Gaza. Les plus de deux millions de personnes qui y vivent manquent donc de nourriture, d'eau et de médicaments – une pénurie qui se fait également sentir à l'hôpital Al-Shifa. Outre la place, ce sont surtout les équipements médicaux, l'eau et le carburant pour les générateurs qui manquent, raconte le médecin Mohammed Ghonim.
Bien que de l'aide humanitaire ait pu atteindre la bande de Gaza ces derniers jours, Israël continue de bloquer les livraisons de carburant au motif qu'elles pourraient être volées et utilisées par le Hamas à des fins militaires. De plus, Israël affirme que le Hamas stocke des centaines de milliers de litres de diesel et refuse juste de les distribuer.
Une panne des générateurs aurait de graves conséquences au sein de l'hôpital: «Nous ne pourrions alors plus faire d'opérations et les stations d'oxygène ne pourraient plus fonctionner», explique le jeune médecin. Le système d'eau potable est récemment tombé en panne:
Les analgésiques font également défaut. Selon le médecin, il est déjà arrivé, ces derniers jours, qu'une amputation doive être effectuée sans analgésique. «Pouvez-vous imaginer une telle chose?», demande Mohammed Ghonim.
Les nombreuses souffrances, la surcharge de travail et le manque de matériel lui donnent souvent un sentiment d'impuissance, raconte le médecin par message audio. Par exemple, lorsqu'il a vu un fils mourir sous les yeux de son père. «Il avait déjà subi plusieurs amputations. Nous ne pouvions plus rien faire pour lui». Régulièrement, des proches de collègues sont également amenés à l'hôpital – parfois gravement blessés ou morts.
L'ancien professeur de lycée de Mohammed Ghonim et sa fille ont été récemment admis à l'hôpital. «Les deux sont morts, j'ai dû organiser les sacs mortuaires», se souvient-il. Des scènes qui l'ont marquées:
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci