C'est la chaîne de télévision Al-Jazeera qui a diffusé, en premier, les «breaking news» en provenance de la bande de Gaza: le Hamas, a rapporté la correspondante à Jérusalem de la chaîne qatarie, vient de publier une vidéo de 76 secondes dans laquelle trois femmes israéliennes d'âge moyen prises en otage lancent de graves accusations à l'adresse du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Il y est reproché au chef de l'Etat de ne pas avoir empêché les attaques du groupe terroriste palestinien le 7 octobre. Netanyahu doit maintenant veiller à la libération de tous les citoyens israéliens emmenés dans la bande de Gaza. En contrepartie, «leurs prisonniers», c'est-à-dire plus de 6000 Palestiniens dans les prisons israéliennes, doivent être libérés.
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«Nous sommes des citoyens innocents d'Israël en captivité. Nous allons mal et tu (Netanyahu) nous tues», a déclaré littéralement l'une des trois femmes. On peut supposer que le choix des mots lui a été imposé par le Hamas.
Les observateurs de la région s'accordent à dire que la vidéo est une tentative de chantage de l'organisation. Le Hamas tente de «semer la division» et d'affaiblir la détermination des Israéliens dans la lutte contre le terrorisme, écrit le Times of Israel dans un premier commentaire. En négociant la libération des otages, les membres du Hamas tentent de gagner du temps et des ressources pour leur campagne militaire.
Malgré l'orientation évidente de la vidéo de chantage, les commentateurs arabes à Jérusalem partent du principe que les reproches et les exigences des otages israéliens ne manqueraient pas de faire leur effet dans les milieux gouvernementaux israéliens.
Les familles des otages avaient également demandé ces derniers jours et semaines au premier ministre Netanyahu d'échanger les otages de la bande de Gaza contre les 6000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. L'accusation selon laquelle les unités de l'armée et de la police israéliennes, ainsi que les services secrets, ont échoué à sécuriser la bande de Gaza le 7 octobre n'est pas non plus nouvelle.
On peut s'attendre à ce que le Hamas tente à plusieurs reprises, dans les jours et semaines à venir, de manipuler l'opinion publique israélienne en publiant des vidéos d'otages de la bande de Gaza.
Selon son cabinet, Netanyahou a réagi en parlant de «propagande psychologique cruelle». C'est déjà la deuxième vidéo que le Hamas publie. Il y a deux semaines, des images d'une jeune femme, qui a également la nationalité française, avaient été diffusées.
L'appel des otages pourrait également avoir été une action de diversion délibérée à l'annonce de la mort de l'otage allemande de 22 ans, Shani Louk. Lundi, le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié son assassinat d'acte «horrible» et de «barbarie»:
Le meurtre montre «toute la barbarie qui se cache derrière cette attaque du Hamas», a souligné le chancelier. C'est pourquoi les islamistes, considérés comme une organisation terroriste par l'UE, doivent rendre des comptes. La mère de Shani Louk, Ricarda Louk, avait auparavant fait savoir que sa fille, portée disparue depuis l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, était morte. C'est l'armée israélienne qui le lui a annoncé, a déclaré Louk à l'agence de presse allemande.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)