Ces derniers jours, des centaines de civils se sont réfugiés dans les hôpitaux de la ville de Gaza, espérant échapper aux frappes israéliennes. Cela fait maintenant onze jours que l'armée de l'Etat hébreu bombarde l'enclave palestinienne, en réponse à l'attaque lancée par le Hamas samedi 7 octobre. Plus de 2700 personnes auraient déjà perdu la vie, selon le dernier bilan diffusé par les autorités gazaouies. De plus, quelque 1200 habitants seraient ensevelis sous les décombres des bâtiments détruits.
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C'est dans l'un de ces hôpitaux, remplis de civils, nommé Al Ahli Arab, qu'une explosion s'est produite mardi soir, provoquant la mort de centaines de personnes. Les images diffusées après la détonation montrent des scènes d'horreur. Dans une vidéo, dont l'authenticité a été confirmée par l'agence de presse AP, on voit le bâtiment en feu et le terrain de l'hôpital jonché de corps déchiquetés, dont beaucoup d'enfants en bas âge.
Le Hamas a immédiatement accusé Israël d'être à l'origine du drame et évoque un bilan de 500 morts. L'armée israélienne a imputé la responsabilité de l'explosion à un tir de roquette raté de la part du Jihad islamique, un groupe militant palestinien plus petit et plus radical qui travaille souvent avec le Hamas. Tsahal a également souligné que le nombre de morts ne pouvait être confirmé.
En joignant le geste à la parole, l'armée israélienne a publié mercredi matin des images et des vidéos censées prouver la responsabilité du Jihad islamique dans l'explosion de mardi.
Selon Tsahal, «une roquette visant Israël a raté son tir et a explosé à 18h59». Exactement au même moment, «l'hôpital a été touché». Ces déclarations sont accompagnées d'une vidéo censée montrer le projectile en question:
RAW FOOTAGE: A rocket aimed at Israel misfired and exploded at 18:59—the same moment a hospital was hit in Gaza. pic.twitter.com/Kf5xJazSap
— Israel Defense Forces (@IDF) October 17, 2023
L'équipe de «GeoConfirmed», qui s'occupe de géolocaliser des images circulant sur les réseaux sociaux à l'aide d'informations de source ouverte, a vérifié la vidéo diffusée par Tsahal. Sa conclusion: «Elle montre une roquette qui tombe en panne et se brise en deux morceaux, l'un tombant sur l'hôpital». L'emplacement de ce dernier a pu être déterminé à l'aide d'images aériennes de Gaza:
L'armée israélienne a ensuite partagé des images prises par un drone, montrant les conséquences de l'explosion. Celles-ci sont comparées avec les cratères habituellement laissés par des bombes israéliennes. Or de tels cratères font défaut sur le site de l'hôpital, souligne Tsahal, qui fait également remarquer l'absence de dégâts sur les bâtiments environnants.
A failed rocket launch by the Islamic Jihad terrorist organization hit the Al Ahli hospital in Gaza City.
— Israel Defense Forces (@IDF) October 18, 2023
IAF footage from the area around the hospital before and after the failed rocket launch by the Islamic Jihad terrorist organization: pic.twitter.com/AvCAkQULAf
«GeoConfirmed» a pu confirmer que la vidéo montre bel et bien le site de l'hôpital Al Ahli Arab.
Dernièrement, Tsahal a diffusé l'enregistrement d'une prétendue conversation entre deux membres du Hamas, qui affirment que la roquette a été tirée «depuis le cimetière situé derrière l'hôpital», qu'elle a échoué et «est tombée» sur le bâtiment. «On dirait que c'est l'une de nos roquettes» ajoute-t-on dans l'enregistrement qui, à la différence des images, ne peut pas être vérifié dans l'immédiat.
Le Jihad islamique a rejeté les affirmations israéliennes et a accusé l'Etat hébreu de «s’efforcer de se soustraire à la responsabilité du massacre brutal qu’il a commis».
Le groupe a souligné l’ordre donné par Israël d’évacuer Al Ahli Arab et un précédent bombardement du complexe hospitalier comme preuve que l’hôpital était une cible israélienne. Il a également indiqué que l’ampleur de l’explosion, l’angle de chute de la bombe et l’étendue des destructions pointaient tous vers Israël.
Dans un premier temps, les réactions internationales ont été prudentes. Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a «condamné avec force» le bombardement, mais sans en imputer la responsabilité. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a dénoncé des scènes «horribles», en ajoutant: «Tous les faits doivent être établis et les responsables devront rendre des comptes».
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) reste également évasive concernant la responsabilité «de la frappe». Dans une prise de position diffusée mardi, mais elle fait remarquer que l'hôpital Al Ahli Arab «comptait parmi les vingt établissements du nord de la Bande de Gaza ayant reçu des ordres d’évacuation de la part des autorités militaires israéliennes». Et d'ajouter:
Seul le président américain Joe Biden, qui se trouve actuellement à Tel-Aviv, a publiquement soutenu la version israélienne, tandis que la Russie accuse implicitement l'Etat hébreu.