Brandissant des drapeaux de l'Union européenne et de la Géorgie, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Tbilissi, devant le Parlement. Il s'agit du 14e jour consécutif de manifestations, à trois jours de la présidentielle. Un scrutin censé renforcer la mainmise du parti au pouvoir qu'ils accusent d'éloigner la Géorgie de son chemin européen, après des législatives contestées.
Selon des médias locaux, des manifestations se tiennent également dans d'autres villes de cette ex-république soviétique du Caucase.
Candidate à l'adhésion à l'Union européenne, la Géorgie est secouée par une crise politique depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, mais contestées par l'opposition pro-occidentale pour des irrégularités.
C'est la décision des autorités, il y a deux semaines, de repousser à 2028 les ambitions du pays d'intégrer l'UE qui a mis le feu aux poudres, provoquant des manifestations émaillées de violences, sans entamer la détermination des opposants ou faire plier le gouvernement, accusé par ses détracteurs de dérives autoritaire prorusse.
La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les rassemblements quotidiens, arrêtant plus de 400 manifestants, selon des chiffres officiels.
De multiples cas de violences policières contre des manifestants et des journalistes ont été documentés par des ONG et l'opposition, une répression dénoncée par les Etats-Unis et les Européens qui ont menacé de prendre des mesures de représailles contre le pouvoir.
Le Premier ministre Irakli Kobakhidzé a qualifié les manifestants de «groupes violents» contrôlés par une opposition «libérale fasciste», terme souvent utilisé par le Kremlin pour cibler ses opposants politiques.
C'est dans ce contexte de crise que doit avoir lieu samedi l'élection présidentielle au suffrage indirect. Le futur président sera élu pour la première fois par un collège électoral plutôt que par le vote populaire, en vertu d'un changement constitutionnel adopté par Rêve géorgien en 2017 et qui vise à renforcer sa mainmise sur le pays.
Le parti a ainsi choisi un ancien joueur de football, Mikheïl Kavelachvili, devenu homme politique d'extrême droite, comme candidat.
L'actuelle présidente, l'ancienne diplomate française pro-occidentale Salomé Zourabichvili, en conflit avec Rêve Géorgien, a dénoncé la fraude généralisée qui aurait fait basculer les résultats des législatives en faveur du Rêve Géorgien. Elle a déclaré que le parlement nouvellement élu et le gouvernement étaient «illégitimes» et déclaré qu'elle ne démissionnerait pas tant que les législatives ne seraient pas renouvelées, bien que son mandat prenne fin le 29 décembre.
Plusieurs ambassadeurs, un vice-ministre des Affaires étrangères et d'autres fonctionnaires ont démissionné à la suite de la suspension des négociations avec l'Union européenne, tandis que des centaines de fonctionnaires ont signé des déclarations communes pour protester contre la décision du gouvernement.
Les observateurs électoraux ont déclaré avoir découvert des preuves d'un système complexe de fraude électorale, tandis que Bruxelles a exigé une enquête sur les irrégularités électorales.
Rêve géorgien a rejeté les accusations de fraude et a insisté sur son engagement en faveur de la candidature de la Géorgie à l'adhésion à l'UE. (ag/ats)