International
Guerre contre l'Ukraine

Russie: Evan Gershkovich condamné à 16 ans de prison

Ce journaliste américain a été condamné à 16 ans de prison par Moscou

Wall Street Journal reporter Evan Gershkovich stands listening to the verdict in a glass cage of a courtroom inside the building of "Palace of justice," in Yekaterinburg, Russia, on Friday,  ...
Evan Gershkovich, âgé de 32 ans, devra purger sa peine dans une colonie pénitentiaire à «régime sévère».Keystone
Le journaliste américain Evan Gershkovich a été condamné en Russie à 16 ans de prison pour espionnage, une accusation qu'il rejette.
19.07.2024, 16:51
Plus de «International»

Le journaliste américain Evan Gershkovich a été condamné en Russie à 16 ans de prison. Il a été reconnu coupable d'espionnage, une accusation jamais étayée par Moscou et rejetée par l'intéressé, ses proches et les Etats-Unis.

Le Wall Street Journal a fustigé une condamnation «scandaleuse», qui «survient alors qu'Evan a passé 478 jours en prison, détenu à tort, loin de sa famille et de ses amis (...) tout cela pour avoir fait son travail de journaliste». Des responsables du journal s'engagent dans un communiqué à continuer à se battre pour obtenir sa libération.

Reporter sans frontières (RSF) a de son côté qualifié la condamnation du reporter d'«autre exemple flagrant de prise d'otage inacceptable de la part de la Russie».

«La condamnation (...) résulte d'un procès qui ne peut en aucun cas être considéré comme équitable ou libre. Ce verdict doit être immédiatement annulé»
Rebecca Vincent, directrice des campagnes de RSF, dans un communiqué.

La condamnation d'Evan Gershkovich marque la fin d'un procès expéditif à huis clos. Sa condamnation était une condition préalable à un possible échange de prisonniers avec Washington, Moscou n'échangeant des détenus que s'ils sont condamnés.

Conditions de détention très strictes

«Gershkovich Evan est reconnu coupable et condamné à 16 ans d'emprisonnement», a déclaré le juge du tribunal régional Sverdlosvki d'Ekaterinbourg, Andreï Mineïev, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Le reporter du Wall Street Journal, âgé de 32 ans, devra purger sa peine dans une colonie pénitentiaire à «régime sévère», ce qui signifie des conditions de détention très strictes, comparées au «régime normal».

Il est apparu devant la presse avant l'énoncé du verdict, les bras croisés, le crâne rasé - une coupe imposée aux prisonniers - dans le box en verre réservé aux accusés.

Evan Gershkovich a plaidé non coupable et exercé son droit à une «dernière prise de parole» avant le verdict, avait annoncé plus tôt à la presse une porte-parole du tribunal, Ekaterina Maslennikova. Le parquet avait requis 18 ans de prison.

S'il fait appel et que sa condamnation est confirmée, il devrait ensuite rejoindre sa colonie pénitentaire dans la foulée, lors d'un transfert qui peut mettre plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Accusations non spécifiées

Reporter reconnu pour son professionnalisme, Evan Gershkovich avait été arrêté fin mars 2023, alors qu'il était en reportage à Ekaterinbourg (Oural), pour «espionnage», une accusation que la Russie n'a jamais étayée et que le journaliste, sa famille, ses proches ainsi que la Maison Blanche rejettent.

Le Kremlin a une fois encore refusé vendredi de spécifier ses accusations:

«Les accusations d'espionnage sont une chose très sensible, nous ne pouvons pas faire d'autres commentaires, le procès est en cours»
Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

Le procès de Gershkovich, après 16 mois de détention, aura été expéditif: une audience le 26 juin, une autre jeudi et enfin celle de ce vendredi. Toute la procédure a été placée sous le sceau du secret et rien n'a filtré du huis clos imposé par les autorités.

Il s'agit donc d'une procédure express, car les procès de ce type s'étalent d'ordinaire sur plusieurs semaines ou mois.

Négocier sa libération

Pour Washington, son arrestation a visé avant tout à monnayer un possible échange de prisonniers, en pleine tension entre la Russie et les Etats-Unis liée au conflit armé en Ukraine.

Moscou a admis négocier sa libération et le président russe Vladimir Poutine a évoqué lui-même le cas de Vadim Krassikov, en prison en Allemagne pour un assassinat commandité attribué aux services spéciaux russes.

Evan Gershkovich est le premier journaliste occidental, depuis l'époque soviétique, à être accusé d'espionnage en Russie. Son emprisonnement a suscité une importante vague de solidarité au sein de médias américains et européens.

Fin juin, la Maison Blanche a dénoncé un «simulacre» de procès, répétant que Gershkovich n'avait «jamais travaillé pour le gouvernement» américain.

Le journaliste communique avec sa famille et ses amis via des lettres lues et censurées par l'administration pénitentiaire. Dans ces courriers, il dit garder le moral, attendre sa condamnation, vouloir voir le ciel plus souvent, le tout avec des traits d'humour.

Enfant d'immigrés ayant fui l'URSS pour les Etats-Unis, Evan Gershkovich s'était installé en Russie en 2017.

Informations sensibles

Début juillet, un panel d'experts de l'ONU a estimé que sa détention était «arbitraire» et qu'il devait être libéré «sans délai».

Les enquêteurs accusent Gershkovich, qui avait travaillé pour l'AFP à Moscou en 2020-2021, d'avoir collecté des informations sensibles pour la CIA sur l'un des principaux fabricants russes d'armements, l'entreprise Ouralvagonzavod.

Cette usine produit notamment des chars T-90 utilisés en Ukraine et ceux de nouvelle génération Armata, alors que son activité civile est la production de wagons de marchandises.

La Russie détient plusieurs autres Américains, dont la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, arrêtée en 2023 pour une infraction à la loi sur les «agents de l'étranger», et l'ex-Marine Paul Whelan, qui purge une peine de 16 ans de prison pour espionnage, une accusation qu'il conteste.

Une ressortissante russo-américaine, Ksenia Karelina, est jugée depuis le 20 juin, à Ekaterinbourg aussi, pour haute trahison, accusée d'avoir donné de l'argent à un groupe de soutien à l'Ukraine. (chl/ats)

Les Trumpistes ont une drôle de manière de montrer leur soutien
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Vous devrez bientôt payer un visa pour aller au Royaume-Uni
Partir au Royaume-Uni nécessitera un peu plus d'organisation à partir de 2025. Les Suisses sont eux aussi concernés par ces nouvelles mesures, censées «renforcer les contrôles aux frontières».

Jadis, vous pouviez vous rendre en week-end à Londres sur un coup de tête. Il vous suffisait de faire votre valise et d'avoir votre carte d'identité avec vous et hop! Tea time with the Queen.

L’article