Il aura fallu près de deux ans aux forces russes pour chasser les Ukrainiens de Marïnka, petite ville industrielle située à deux pas de Donetsk. Les assauts menés contre la localité à un rythme presque quotidien depuis mars 2022 ont fini par avoir raison des défenseurs.
C'est ce qu'a annoncé, ce lundi, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, en présence du président Vladimir Poutine. Ce dernier a affirmé que la prise de la ville permettra de repousser les unités ukrainiennes loin de Donetsk et de créer un espace opérationnel plus large pour les forces russes. De nombreux blogueurs militaires russes ont parlé d'une «victoire tactique».
Le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny, a reconnu lors d'une rare conférence de presse, mardi, que ses troupes s'étaient «déplacées vers la périphérie de Marïnka» et «dans certains endroits,» étaient sorties de la ville.
Selon lui, des soldats ukrainiens se trouvent toujours dans la partie nord de la bourgade, mais ses forces ont «préparé une ligne de défense à l'extérieur de cette localité» vers laquelle se replier.
Des images géolocalisées publiées le 25 décembre indiquent que les forces russes ont effectivement progressé dans les sections nord de Marïnka. Les images en provenance de la ligne du front montrent également autre chose: la petite ville industrielle, qui comptait environ 9000 habitants avant la guerre, est désormais réduite à un champ de ruines. Marïnka «n'existe plus», a sobrement résumé Valery Zaloujny mardi.
Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de défense et de sécurité nationale d'Ukraine, estime même que la situation y est «plus grave qu'à Bakhmout», ville capturée en mai par les Russes après un siège particulièrement long et brutal. «Il n'y a pratiquement aucun bâtiment qui ait survécu sur le territoire de Marïnka», a-t-il déclaré à Voice of America.
Malgré les déclarations de Poutine, la capture probable de Marïnka représente «un gain tactique limité», commente le centre de réflexion «Institute for the Study of War» (ISW).
L'ISW rappelle que la petite ville est située à moins d'un kilomètre de la ligne de front qui existait avant l'invasion; les forces ukrainiennes ont depuis longtemps fortifié de nombreuses localités environnantes, que les troupes russes se sont vainement efforcées de capturer.
Surtout, la prise de Marïnka signe l'aboutissement de plusieurs mois de gains marginaux et laborieux, et pas le résultat d'une soudaine et rapide avancée mécanisée. Les forces de Moscou n'ont pas les ressources pour ce faire, estime encore l'ISW, qui conclut: «Il est très peu probable que les Russes réalisent des avancées rapides à partir de Marïnka». (asi)