Par 70 voix contre 29, le Sénat a adopté, mardi, un paquet d'aide pour l'Ukraine, Israël et d'autres alliés des Etats-Unis. Est-ce une percée dans le débat sur la poursuite de l'aide à l'Ukraine?
Le paquet ficelé à la hâte contient entre autres:
Le projet de loi a rencontré une forte opposition à l'extrême droite des républicains et à l'extrême gauche des démocrates. Mais mardi, l'opposition s'est essoufflée.
👉Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine👈
Le projet est désormais soumis à la Chambre des représentants. Le paquet risque d'y être abandonné prématurément. C'est ce qu'il a annoncé mardi, Mike Johnson, responsable de l'ordre du jour en sa qualité de speaker de la grande chambre du Congrès.
Johnson, un républicain et allié de l'ancien président Donald Trump, justifie son opposition par un élément manquant du paquet: il ne contient pas de nouveaux moyens pour la protection de la frontière américaine avec le Mexique. Et pas non plus d'adaptations des lois sur l'immigration, comme le demandent de nombreux républicains et quelques démocrates. Ces pièces du puzzle manquent, par conséquent, la Chambre des représentants doit maintenant «imposer sa volonté», a fait savoir Johnson.
Le speaker Mike Johnson se trouve dans une situation précaire en raison de la faible majorité à la Chambre des représentants. Il risque de perdre son poste après seulement quatre mois si l'aile droite de son groupe parlementaire se sent snobée. Johnson veut donc forcer le Sénat, dominé par les démocrates, à durcir massivement les lois sur l'immigration. Mais cette exigence n'est pas susceptible de réunir une majorité parmi les démocrates, ce qui n'a, bien sûr, pas échappé au speaker.
Au final, c'est une impasse. Mais Mike Johnson semble penser qu'il peut gagner cette partie de bras de fer politique. Il fait l'analyse suivante: la situation à la frontière avec le Mexique intéresse davantage les électeurs américains que la guerre en Ukraine.
Oui, du moins sur le papier. Une majorité absolue des membres de la Chambre des représentants — au moins 218 députés — pourrait forcer un vote sur le plan d'aide à grâce à une manœuvre parlementaire, la «discharge petition» («pétition de décharge»). Techniquement, c'est un moyen de faire sortir un projet de loi d'une commission et de l'examiner sans rapport de la commission en «déchargeant » la commission de l'examen plus approfondi d'un projet de loi ou d'une résolution. Et donc de forcer son vote.
Actuellement, les démocrates comptent 212 députés dans la Chambre des représentants, les républicains 219. Le parti du président Joe Biden devrait donc convaincre au moins six républicains de faire défection. Cela ne semble pas un obstacle majeur en soi, mais tout député de républicain qui voterait en faveur du plan d'aide se verrait immédiatement au centre d'une tempête organisée par les partisans de Trump.
Mardi, le président ukrainien s'est montré reconnaissant de la décision du Sénat: «Cela contribue vraiment à la confiance en soi et à la motivation», a déclaré Volodymyr Zelensky dans un message vidéo. L’Ukraine dépend des nouvelles armes en provenance des Etats-Unis, qui, il convient de le noter, sont fabriquées par des ouvriers américains dans des installations de production américaines. Un autre argument en faveur de l'aide: l'emploi.
The decision by the United States Senate to continue the support for our country and our warriors has been anticipated not only by us, but also by many other nations, particularly those in Europe.
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) February 13, 2024
The world is looking for American leadership to remain steadfast, help protect… pic.twitter.com/SJMahBBq3g
Chuck Schumer, le chef du groupe démocrate au Sénat, a argué, pour finir, mardi: «Si l'extrême droite rejetait ce projet de loi, ce serait un énorme cadeau à Vladimir Poutine».