Peu concernés par le sommet spécial européen à Paris, les Etats-Unis avancent leur propre agenda concernant l’Ukraine en ce début de semaine. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio est arrivé lundi matin à Riyad, en Arabie Saoudite, où il rencontre son homologue russe, Sergueï Lavrov ce mardi. Cette première rencontre entre les chefs de la diplomatie américaine et russe depuis le début de la guerre vise à préparer de possibles négociations sur l’Ukraine et à reprendre les relations diplomatiques, selon Moscou.
La délégation américaine inclura également Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale, et Steve Witkoff, émissaire spécial pour le Moyen-Orient. En revanche, le représentant spécial de Donald Trump pour l’Ukraine, Keith Kellogg, n'est pas du voyage, après avoir semé la confusion lors de la Conférence de Munich sur la sécurité avec des déclarations contradictoires concernant l’implication de l’Ukraine dans ces négociations.
👉Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine👈
Il est désormais clair que cette première rencontre à Riyad se déroulera sans l’Ukraine ni aucun autre représentant européen. Le président Volodymyr Zelensky a déclaré lundi que son pays n’avait ni été informé de cette réunion ni été impliqué dans sa préparation. Par conséquent, il considérera toute négociation «sur l’Ukraine sans l’Ukraine comme nulle et non avenue». Volodymyr Zelensky, en visite officielle aux Emirats arabes unis, ne prévoit d’arriver à Riyad que le lendemain des discussions américano-russes – soit mercredi, dans le cadre d’une «rencontre prévue de longue date», selon Kiev.
Tout comme Keith Kellogg à Munich, le conseiller à la sécurité nationale américain a eu du mal à justifier l’exclusion de l’Ukraine des négociations. Interrogé directement sur ce point, Mike Waltz a éludé la question lors d’une interview avec Fox News. A la place, il a évoqué «quatre principes» guidant la nouvelle politique américaine sur l’Ukraine:
Par ces propos, Mike Waltz fait allusion à l’intérêt des Etats-Unis pour l’exploitation des terres rares en Ukraine. Selon lui, le peuple américain «a droit à une compensation» pour l’aide fournie jusque-là, comme il l'a déclaré à Fox News. Volodymyr Zelensky, en revanche, rejette fermement le projet d’accord proposé par Washington. Il aurait «donné instruction à ses ministres» de ne pas signer ce texte, qu’il juge insuffisant pour protéger les intérêts de son pays. Les médias ukrainiens ont rapidement dénoncé une tentative de chantage de la part de Washington.
Cette réaction a provoqué une vive critique de la part de Mike Waltz. Selon lui, Volodymyr Zelensky devrait accepter cet accord, car il n’existe pas de «meilleure garantie de sécurité pour l’Ukraine que d’avoir les Etats-Unis comme co-investisseurs dans l’exploitation de ses ressources minières». Il a ajouté que les Européens pourraient ne pas apprécier la manière dont ce processus de paix se déroule, mais a asséné:
Par conséquent, les négociations devront suivre les règles dictées par Donald Trump, selon le conseiller américain.
C'est pourquoi Donald Trump n'a même pas envisagé d'inclure l’Ukraine et l’Europe dans le processus de négociations. De la même manière, la Suisse n’a pas réussi à réunir Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine autour d’une même table lors du sommet du Bürgenstock.
De son côté, Sergueï Lavrov a adopté une position encore plus ferme lundi: il a affirmé ne pas comprendre pourquoi l’Europe aurait un rôle à jouer dans ces négociations et a exclu toute concession territoriale à l’Ukraine.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder