International
Guerre contre l'Ukraine

Kiev pourra-t-elle bientôt compter sur une aide américaine?

Kiev se prépare au pire et l'Otan tire la sonnette d'alarme

Aux Etats-Unis, la Chambre des représentants pourrait bientôt débattre du paquet d'aide gelé pour l'Ukraine. L'Otan, de son côté, se prépare au pire des scénarios: un retour au pouvoir de Donald Trump.
06.04.2024, 07:29
Renzo Ruf, Washington, et Remo Hess, bruxelles / ch media
Plus de «International»

La situation s'aggrave sur le front ukrainien: jour après jour, les informations qui circulent relaient la progression des troupes russes. Les officiels ukrainiens préviennent qu'ils ne pourront pas tenir les fronts indéfiniment. Et ce d'autant plus que Moscou semble planifier une attaque de grande envergure en mai ou juin pour laquelle elle recrute des milliers de soldats.

Le besoin urgent d'aide

A la fin de la semaine dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à l'aide, et ce immédiatement. Son armée est parvenue à résister pendant l'hiver, mais elle est désormais arrivée au bout de ses capacités. Zelensky s'est alors tourné vers les Etats-Unis, où un paquet d'aide d'environ 60 milliards de dollars est toujours bloqué au Congrès.

«Sans soutien américain, nous devrons battre en retraite»
Volodymyr Zelensky

Ces déclarations de plus en plus tragiques visent en particulier un homme outre-Atlantique: le président républicain de la Chambre des représentants. Ce député très conservateur du sud de la Louisiane a le pouvoir de choisir les projets de loi qui seront débattus par la grande chambre.

Mais Mike Johnson a tout de suite mis sur pause le paquet ficelé par le Sénat en février. Au sein de son parti, dirigé par l'ex-président Donald Trump, l'opposition à de nouveaux transferts de fonds vers Kiev est tout simplement trop importante – quand bien même les milliards investis finiraient dans les caisses des usines d'armement américaines.

L'Otan tire la sonnette d'alarme

Mike Johnson ne cherche pas forcément à entrer dans les livres d'histoire comme celui qui a permis la victoire de la Russie en Ukraine. Il réfléchit donc désormais à voix haute à une issue à cette situation inextricable. Il a récemment envisagé de ne plus financer les futures livraisons d'armes. Kiev rembourserait ainsi l'aide de plusieurs milliards «lorsque le moment sera venu», a déclaré le républicain dans une interview télévisée.

Le problème de cette proposition: au sein de son groupe, ces idées ne créeront probablement pas de majorité. Et Mike Johnson ne peut pas se permettre de collaborer à nouveau avec les démocrates pour faire adopter un projet controversé. Il risquerait d'y laisser son poste.

Pour la députée Marjorie Taylor Greene, Johnson est peut-être victime d'un chantage. «Il a complètement changé», a-t-elle déclaré cette semaine. Il n'y a «aucune différence» entre la démocrate de gauche Nancy Pelosi, qui a dirigé la Chambre des représentants jusqu'au début de 2023, et Mike Johnson, a affirmé l'alliée de Trump lors d'un entretien avec le présentateur Tucker Carlson.

Dans ce contexte, l'Otan tire la sonnette d'alarme. Et si, malgré les affirmations du président Joe Biden, les milliards ukrainiens restaient bloqués au Congrès?

Le secrétaire général de l'organisation, Jens Stoltenberg, a proposé à Bruxelles la création d'un fonds de l'Otan de 100 milliards d'euros pour soutenir l'Ukraine au cours des cinq prochaines années. Avec un financement en commun, il sera peut-être plus facile de parvenir à un accord politique. Cela permettrait aussi à Kiev d'améliorer sa planification.

Un risque d'escalade du conflit

Une deuxième proposition de Jens Stoltenberg vise à assurer la sécurité des membres au cas où Donald Trump reviendrait à la Maison Blanche en janvier 2025. Concrètement, l'alliance de défense devrait prendre la tête de la coordination des livraisons d'armes en suivant le plan «Ramstein». Si Donald Trump décidait alors d'en sortir, ce plan bien rodé pourrait être maintenu même sans Washington.

Des voix s'élèvent pour faire remarquer qu'avec un rôle actif de l'Otan dans le soutien à l'Ukraine, on court le risque de franchir la ligne rouge tracée par Vladimir Poutine d'une intervention directe dans le conflit. C'est aussi la raison pour laquelle le groupe Ramstein était jusqu'à présent dirigé par les Etats-Unis. Le chancelier allemand Olaf Scholz, en particulier, continue de veiller à ne fournir à Vladimir Poutine aucun argument selon lequel il serait en guerre avec l'Occident.

Pour Jens Stoltenberg, cela ne pose aucun problème. 99% du soutien du groupe Ramstein provient déjà aujourd'hui d'alliés de l'Otan. Et de déclarer:

«Nous nous rencontrons au quartier général, ce sont les mêmes personnes»

Il s'agit simplement de faire comprendre à Moscou que l'on est aux côtés de l'Ukraine à long terme, selon le Norvégien. Donald Trump ou pas.

(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)

L'attentat contre le Crocus City Hall à Moscou
1 / 13
L'attentat contre le Crocus City Hall à Moscou
L'attaque contre le Crocus City Hall, à Moscou, a fait 137 morts.
source: sda / dmitry serebryakov
partager sur Facebookpartager sur X
Voici le «cercueils chinois» russe
Video: watson
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
«La situation s'est détériorée»: Poutine cherche un trophée
La situation sur le front dans la région de Donetsk devient de plus en plus désastreuse pour l'Ukraine. Une offensive majeure de la Russie pourrait être imminente.

Il a eu une chance incroyable. Un soldat ukrainien a apparemment été pris dans une pluie d'attaques russes dans le village de Berdychi, dans la région de Donetsk. Sur un terrain sillonné de cratères de bombes, il errait. C'est alors qu'il aperçoit un drone piloté par un soldat de la 47e brigade mécanisée de l'armée ukrainienne. Avec son aide, le soldat zigzague sur le champ de bataille et atteint finalement ses propres lignes. C'est ce que montrent des images publiées par l'armée ukrainienne.

L’article