Les autorités russes ont affirmé lundi qu'un groupe de «sabotage» ukrainien s'était introduit dans la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, et que des actions étaient en cours pour le détruire, en pleine série d'attaques sur le territoire russe. Pour le Kremlin, cette incursion vise à «détourner l'attention de Bakhmout».
«Un groupe de sabotage et de reconnaissance de l'armée ukrainienne est entré dans le district de Graïvoron», frontalier de l'Ukraine et situé à environ 65 kilomètres à l'ouest de la ville de Belgorod, a indiqué le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov.
«Les forces armées russes, aux côtés des gardes-frontières, de la Rosgvardia (garde nationale) et du FSB (services de sécurité) prennent toutes les mesures nécessaires pour éliminer l'ennemi», a ajouté Gladkov, dans un message sur Telegram.
Le président russe Vladimir Poutine est informé de l'incursion en cours en territoire russe de «saboteurs» venus d'Ukraine, a annoncé peu après son porte-parole, estimant que l'attaque visait à «détourner l'attention» de la conquête de Bakhmout revendiquée par Moscou. Dmitri Peskov a déclaré aux agences russes:
La «Légion Liberté pour la Russie» a publié une vidéo dans laquelle des hommes en uniforme et armés se prononcent en russe pour un renversement du régime de Poutine. Le porte-parole de la vidéo affirme : "Nous sommes des Russes comme vous. Nous voulons que nos enfants grandissent en paix et en liberté".
Curious situation developing in Belgorod region this morning. According to online sources, the Russian border post "Grayvoron" was under heavy shelling this morning, followed by an attempt of an uknown tank(s) to drive into its territory. Video of the drone footage has Ukrainian… pic.twitter.com/Ogo6VAznen
— Dmitri (@wartranslated) May 22, 2023
Sur Twitter, le groupe a affirmé que le village de Kozinka avait été entièrement libéré et que des unités avaient pénétré dans le village de Graïvoron. Ces affirmations ne peuvent toutefois pas être vérifiées. On ne sait pas qui se cache derrière le groupe et s'il s'agit réellement d'opposants russes au régime.
Легион возвращается домой. pic.twitter.com/26HmQLeOYx
— "Liberty of Russia" Legion (@legion_svoboda) May 22, 2023
Ces dernières semaines, alors que se profile une vaste offensive ukrainienne, le territoire russe a été la cible d'un nombre croissant de sabotages, d'attentats et d'attaques de drones imputés à Kiev.
Début mai, Moscou a notamment affirmé avoir intercepté deux drones ukrainiens qui visaient un bâtiment du Kremlin, le coeur du pouvoir, et accusé Washington d'avoir commandité cette attaque présumée. A chaque fois, l'Ukraine a nié toute responsabilité ou s'est abstenue de commenter.
Cette fois encore Kiev a affirmé lundi n'avoir «rien à voir» avec l'incursion de combattants en Russie dans une région frontalière de l'Ukraine. «L'Ukraine suit avec intérêt les événements dans la région de Belgorod en Russie et étudie la situation, mais elle n'a rien à voir avec cela», a assuré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.
Ce n'est pas la première fois qu'un groupe de «saboteurs» est signalé en Russie. En mars, l'incursion d'hommes armés dans la région frontalière de Briansk avait causé un choc, faisant voler en éclats le sentiment d'inviolabilité de la frontière.
Selon les autorités russes, deux civils avaient alors été tués et un enfant de 11 ans blessé par des «saboteurs» ayant ouvert le feu sur une voiture dans un village. Kiev avait démenti toute implication. (jah/avec ats)