Sur la scène internationale, des efforts diplomatiques importants sont déployés pour parvenir à un accord de paix entre l'Ukraine et la Russie. Mais sur le front, on observe toujours une lutte acharnée entre la Russie et l'Ukraine, de plus en plus sous pression. Les troupes du Kremlin misent sur de nouvelles tactiques.
A en croire des images publiées par le ministère russe de la Défense, l'armée de Moscou s’apprêterait à déployer massivement des motos pour déjouer les attaques de drones ukrainiens. C’est ce qu’indique l’Institute for the Study of War (ISW), un think tank américain spécialisé dans l’analyse des conflits.
Côté ukrainien, l’information est confirmée. A Kharkiv, le lieutenant-colonel Pavlo Schamchyn rapporte que les services de renseignement ont observé l’entraînement intensif de soldats russes à ces nouvelles tactiques. «La moto offre vitesse et agilité», explique-t-il, des atouts précieux pour échapper aux frappes de drones. Mais la méthode n’est pas sans failles: le bruit des moteurs peut empêcher les pilotes de repérer à temps un drone ennemi en approche.
L’idée n’est pas totalement neuve. Ces dernières semaines, dans la région de Donetsk, les forces russes ont lancé une offensive en utilisant principalement motos et véhicules civils, contraignant les troupes ukrainiennes à se replier.
Mais derrière cette adaptation tactique, c’est surtout une impasse matérielle qui transparaît. Après plus de trois ans de conflit, la Russie enregistre des pertes massives de véhicules blindés. Selon diverses estimations, elle aurait perdu en 2023 davantage de chars qu’elle n’en possédait au début de l'invasion, en février 2022.
Malgré une production relancée, les pertes dépasseraient toujours de loin les capacités de renouvellement: pour chaque char fabriqué, deux seraient détruits au front. Pour combler les lacunes, Moscou a dû recourir à des solutions de fortune: des chars datant de l’ère soviétique, vieux de près de 70 ans, ont été remis en service, et même des blindés initialement conçus comme accessoires pour des tournages de films ont été envoyés au combat.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder