International
Guerre contre l'Ukraine

Ukraine: la Russie accusée d'utiliser des armes chimiques

Une grenade lacrymogène K-51 et le drone utilisé pour la larguer, capturés par le service national des gardes-frontières d'Ukraine.
Une grenade lacrymogène K-51 et le drone utilisé pour la larguer, capturés par le service national des gardes-frontières d'Ukraine.Image: DPSU

Les grenades K-51, ces armes chimiques qui font vomir les Ukrainiens

Kiev dit avoir recensé plus de 600 cas d'utilisation d'armes chimiques de la part de la Russie. La stratégie favorite de Moscou consisterait à larguer des grenades lacrymogènes sur les positions ukrainiennes à l'aide de drones, une méthode interdite par une convention internationale.
16.01.2024, 05:4616.01.2024, 12:34
Plus de «International»

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de posséder des armes chimiques et de les utiliser contre les adversaires sur le champ de bataille. Et ce, bien que les deux pays aient signé et ratifié la convention internationale les interdisant. L'organisation qui veille à son application, l'OIAC, affirmait en novembre 2022 que le conflit avait accru la menace d'utilisation de ces armes.

👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈

C'est ce qui s'est effectivement produit. Du moins, selon l'Etat-major des forces armées ukrainiennes, qui a affirmé ce samedi avoir recensé au total 626 cas d'utilisation de munitions contenant des «produits chimiques toxiques» de la part de la Russie. Ce qui correspond, en moyenne, à un peu moins d'un cas par jour.

Toujours selon l'Etat-major ukrainien, l'usage de ces armes se fait de plus en plus fréquent. Une cinquantaine des cas, soit 8% du total, ont eu lieu au cours du seul mois de janvier de cette année.

«Jusqu'à 10 cas d'utilisation de produits chimiques sont actuellement enregistrés chaque jour»
Etat-major ukrainien

Grenades lacrymogènes larguées par drone

Des substances chimiques toxiques sont parfois contenues dans des engins improvisés, ou tirées avec des obus d'artillerie, détaille l'Etat-major. Le plus souvent, cependant, les forces russes privilégieraient une autre méthode: larguer des grenades lacrymogènes sur les positions ukrainiennes à l'aide de drones. Les soldats se serviraient spécifiquement de grenades K-51, remplies d'un agent chimique utilisé pour disperser les émeutes: le 2-Chlorobenzylidène malonitrile, également appelé gaz CS.

Une grenade K-51 que les Russes auraient larguée sur les positions ukrainiennes dans la région de Donetsk.
Une grenade K-51 que les Russes auraient larguée sur les positions ukrainiennes dans la région de Donetsk.Image: Wikimedia Commons

Selon la dose, le gaz CS peut provoquer une irritation des voies respiratoires, des nausées accompagnées de vomissements, mais également des hémorragies internes, des œdèmes pulmonaires et une détresse respiratoire potentiellement fatale. Le foie, le cerveau et les reins sont particulièrement vulnérables.

Ses effets à long terme sont moins connus, mais le gaz CS peut induire des bronchites, de l'asthme, des maladies du foie et des reins ainsi que des troubles neurologiques comme l'épilepsie.

A noter que la convention sur les armes chimiques, ratifiée par Moscou en 1997, interdit l'utilisation des agents chimiques anti-émeute comme méthode de guerre.

Un exemple (presque) assumé

Un exemple de l'utilisation de ces grenades lacrymogènes a été récemment fourni par des soldats russes eux-mêmes. Le 22 décembre 2023, la 810e brigade d'infanterie navale avait affirmé sur Telegram procéder à un «changement radical de tactique» contre les forces ukrainiennes à Krynky, dans la région de Kherson. Cette stratégie consistait à:

«Larguer des grenades K-51 à partir de drones sur les positions ukrainiennes pour pousser les soldats à sortir, s'exposant ainsi à des tirs d'armes diverses»

Ces déclarations étaient accompagnées d'une vidéo censée les confirmer. Quelques jours plus tard cependant, le post Telegram a été modifié, et toute référence aux grenades lacrymogènes enlevée. Selon le centre de réflexion «Istitute for the Study of War» (ISW), ce changement visait à occulter ce qui pouvait être la preuve d'une violation délibérée de la convention sur les armes chimiques.

Malgré le changement, la première version du message a largement eu le temps de faire le tour des médias occidentaux et des blogueurs russes, fournissant l'une des démonstrations les plus concrètes d'utilisation d'armes chimiques de la part de la Russie en Ukraine. (asi)

Ukraine: la Russie aurait frappé un village avec des bombes incendiaires
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Zelensky dénonce «l'une des pires attaques» russes contre Kiev
«Plus de 440 drones et 32 missiles» russes ont visé la capitale ukrainienne, a déclaré Volodymyr Zelensky. Au moins 14 morts sont à déplorer.

Au moins 14 personnes, dont un Américain, ont été tuées à Kiev dans la nuit de lundi à mardi. Volodymyr Zelensky a dénoncé «l'une des pires attaques» russes contre la capitale ukrainienne, au moment où les pourparlers entre Kiev et Moscou sont dans l'impasse.

L’article