L'année 2023 a définitivement douché les espoirs d'une résolution rapide du conflit ukrainien. Du moins sur le plan purement militaire: la contre-offensive de Kiev, annoncée à maintes reprises et lancée en été, s'est soldée sur des avancées territoriales presque nulles. Moscou, qui n'a réussi qu'à s'emparer de la petite ville de Marïnka, n'a pas fait beaucoup mieux.
Au cours du mois de décembre, la Russie n'a avancé que de quelque 30 km2, rapporte le collectif War Mapper. Sur l'ensemble de 2023, la répartition du territoire contrôlé par les deux parties a changé d'«environ 0,00%», poursuivent les cartographes. Autrement dit, rien n'a bougé.
Tous les analystes s'accordent donc sur le fait que le conflit va être encore long. Pour le gagner, Kiev doit s'adapter à cette nouvelle temporalité, estime le chercheur ukrainien Mykola Bielieskov dans une analyse publiée jeudi sur le site du centre de réflexion Atlantic Council.
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Tout d'abord, affirme-t-il, «il est vital pour les dirigeants militaires et politiques ukrainiens de bien assimiler les leçons de 2022 et 2023», alors que la guerre s'apprête à entrer dans sa troisième année. Il ajoute:
Si l'objectif final de l'Ukraine reste le même, à savoir repousser totalement les Russes de son territoire, force est de constater que «les conditions actuelles ne sont pas favorables pour mener de larges opérations offensives», argumente Mykola Bielieskov. Pour cette raison, Kiev doit passer à une modalité que le chercheur appelle «défense active».
Concrètement, au cours des 12 prochains mois, les troupes ukrainiennes devraient se concentrer sur le maintien de la ligne du front et du territoire qui reste actuellement aux mains de Kiev, soit environ 82% du pays. Ce qui veut dire:
Pour remplir le deuxième objectif, poursuit Mykola Bielieskov, l'Ukraine doit mener une «campagne croissante» de frappes aériennes sur des cibles situées loin derrière les lignes de front, dans l'Ukraine occupée et à l'intérieur de la Russie elle-même. Ce que Kiev fait déjà en partie:
De plus, une approche plus défensive permettrait à l'Ukraine «d'exploiter le besoin pressant de Moscou de remporter des victoires», poursuit le chercheur. L'armée russe étant soumise à d'énormes pressions politiques pour avancer, les commandants ukrainiens auraient de nombreuses occasions de «saigner progressivement la force d'invasion de Poutine».
Mais l'Ukraine ne peut pas faire ça toute seule, admet Mykola Bielieskov, qui estime que «l'efficacité de toute stratégie défensive en 2024 dépendra fortement du niveau de soutien fourni par les alliés occidentaux». Or, reconnaît-il, cette aide se heurte actuellement à de nombreux obstacles politiques.
En admettant que les livraisons continuent sans interruption, ce qui est loin d'être certain, le pays aurait surtout besoin de grandes quantités de munitions d'artillerie, de systèmes de guerre électronique, de drones d'attaque et de missiles à longue portée, énumère le chercheur. Kiev devrait également améliorer ses capacités de défense aérienne.
Une réorientation stratégique vers la défense active permettrait à l'Ukraine de tirer parti de ses atouts actuels tout en gagnant un temps précieux pour se regrouper et se réarmer en vue d'une situation qui sera probablement plus avantageuse en 2025, résume Mykola Bielieskov. Et de conclure:
(asi)