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Guerre contre l'Ukraine

Défilé du 8 mai: Poutine réécrit l'histoire à Moscou

«Ne sois pas déçu, crie juste "hourra"»: on a assisté au défilé de Poutine

Le président russe Vladimir Poutine assiste à un défilé militaire le jour de la Victoire, qui marque le 79e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale, à ...
Poutine sous la neige et face à ses soldats, le 9 mai 2024.Image: keystone
Vladimir Poutine abuse du souvenir de la victoire soviétique sur l'Allemagne nazie pour légitimer sa guerre en Ukraine. Lors du traditionnel défilé militaire du 9 mai à Moscou, il l'a fait savoir comme jamais auparavant.
10.05.2024, 12:0310.05.2024, 14:34
Inna Hartwich, moscou / ch media
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Sur la tribune derrière Vladimir Poutine sur la place Rouge à Moscou, de jeunes hommes se tiennent au garde-à-vous. A côté de lui, de frêles vieillards ont rabattu les capuches de leurs vestes sur la tête. Lors des «jours de victoire» sur l'Allemagne nazie, le président russe aime se montrer entouré d'anciens combattants. L'image de ce jeudi souligne la manipulation de l'histoire à laquelle Poutine se livre. En témoigne aussi son discours devant près de 9000 soldats et suivi par des millions de téléspectateurs.

Les vétérans sont les rares témoins encore vivants de la Seconde Guerre mondiale, de la «Grande guerre patriotique», comme on l'appelle en Russie. Les jeunes, ce sont ceux que Poutine a honorés pour leurs «mérites» à Boutcha, la ville ukrainienne devenue le symbole des atrocités, notamment en raison des massacres perpétrés par l'armée russe.

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Pour le chef du Kremlin, son «opération militaire spéciale» n'est que la suite de la Seconde Guerre mondiale. Une trajectoire qu'il trace plus précisément que jamais, alors que des flocons de neige saupoudrent l'emblématique place.

Le 9 mai est une journée identitaire dans laquelle chacun se retrouve indépendamment de ses convictions politiques. La Seconde Guerre mondiale a fait 27 millions de victimes dans l'Union soviétique – incluant aujourd'hui des pays qui ne font plus partie de la Russie –, touchant donc chaque famille quasiment sans exception. Mais l'Etat s'est emparé depuis longtemps de la mémoire et du deuil des morts et des blessés. La commémoration s'est transformée en mots d'ordre percutants, en slogans à la gloire de la «Russie invincible».

epa11328872 Russian President Vladimir Putin (C) and foreign leaders take part in a wreath laying ceremony at the Tomb of the Unknown Soldier in Alexander Garden on Victory Day, which marks the 79th a ...
Moscou, le 9 mai 2024.Keystone

Le défilé de la place Rouge est un rituel annuel débordant de rhétorique néo-militariste, au cours duquel Poutine tente, à demi-mots, de se venger de ceux qui ne sont pas d'accord avec sa vision des choses. Il lance, depuis son pupitre:

«La soif de revanche et le mépris de l'histoire font partie de la politique des élites occidentales»

Il tord l'histoire en affirmant que l'Union soviétique était totalement livrée à elle-même durant les trois premières années de la guerre de 39-45.

Il abandonne ainsi l'idée d'une victoire dûe à la coalition anti-hitlérienne. Tout comme l'aide énorme à l'armement fournie à l'époque par les Etats-Unis. Il remercie en revanche «l'esprit de résistance et le courage du peuple chinois». L'Occident veut oublier les leçons de la Seconde Guerre mondiale, affirme Poutine et menace:

«Nos forces stratégiques sont toujours prêtes à combattre»

Il qualifie les soldats qui se battent en Ukraine de héros, qui poursuivent le combat des ancêtres. «Nous nous inclinons, aujourd'hui, en mémoire de tous ceux dont la vie a été emportée par la Grande Guerre patriotique», dit-il. En guise de rappel à l'appareil de propagande, des journalistes russes indépendants ont publié la liste des hommes et des femmes ukrainiens (alors citoyens soviétiques) qui ont survécu aux bombes de 39-45 avant de finalement périr dans les offensives actuelles de l'armée russe.

Ni Poutine ni les hommes et femmes convaincus par sa rhétorique qui se tiennent là avec leurs enfants, le long des barrières, dans les rues de Moscou pour acclamer leurs «héros» ne pensent à ces gens.

«Nous devons montrer à ces crapules ce qu'elles valent», dit l'un d'eux sur le Nouvel Arbat, boulevard non loin du Kremlin. Une soixantaine de véhicules militaires paradent devant eux. D'autre observent avec plus d'attention, comme ce jeune homme en veste de camouflage, qui confie à son ami:

«Il y en a si peu cette fois-ci. Je crois qu'ils se moquent de nous. Les Iskander en sont sûrement déjà à leur deuxième passage, histoire de rallonger le cortège et de faire bonne impression à nos yeux.»
Iskander, Russian mobile short-range ballistic missile system launchers roll during the Victory Day military parade at the Palace Square in St. Petersburg, Russia, Thursday, May 9, 2024, marking the 7 ...
Les fameux Iskander.Keystone

Plus loin, d'autres sont enveloppés dans des drapeaux russes, font des signes aux soldats. «Un tank seulement?», demande un enfant de cinq ans, juché sur les épaules de son père. «Ne sois pas déçu, crie juste "hourra"», conseille ce dernier au petit garçon en le faisant redescendre. Dans la neige, ils se dirigent vers le métro. Le balai des déneigeuses orange reprend.

(Traduit et adapté de l'allemand par Valentine Zenker)

L'Ukraine a eu la peau du «char tortue» russe
Video: watson
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