La Crimée est depuis de nombreuses années une destination de vacances appréciée des Russes. Et bien que le front soit actuellement à moins de 100 kilomètres de la ville la plus au nord, Armyansk, de nombreux touristes se sont rendus cette année encore sur la péninsule ukrainienne annexée.
L'attaque présumée de l'Ukraine sur le pont de Crimée ce lundi suscite donc une certaine frustration. Les Russes avaient visiblement imaginé leurs vacances autrement. Le pont est - à l'exception de la route passant par les territoires du sud de l'Ukraine occupés par la Russie - la seule liaison terrestre entre la Russie continentale et la péninsule. L'endommagement du pont a mis fin prématurément aux vacances de nombreuses personnes, ou du moins les a considérablement compliquées.
Après l'attaque du pont, les autorités russes se sont adressées aux touristes qui se trouvaient encore sur l'île et leur ont demandé de retourner en Russie en passant par les régions occupées d'Ukraine, soit un détour de 400 kilomètres.
En effet, après l'attaque, l'accès au pont a été fermé, ce qui a provoqué de longs embouteillages. Peu de temps après, les premières vidéos montrant des embouteillages depuis la Crimée en direction de la région ukrainienne de Kherson sont apparues.
Ce changement d'itinéraire forcé a irrité certains Russes, comme en témoignent les messages postés sur internet.
En effet, les magasins locaux ont profité de la situation pour augmenter le prix de l'eau de huit à dix fois, se plaignait la personne.
Russian tourist chats are full of panicked Russians who did not get the vacation they desired.
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) July 17, 2023
I've translated some of their posts below.
"Important information for those who are going to get out of Crimea by land route. The most important thing is to stock up on the necessary… pic.twitter.com/HT5A9eG1nu
De plus, il y a des problèmes avec les toilettes. «Les toilettes gratuites des stations-service ont été fermées, ils justifient cela par le fait que l'afflux de personnes est trop important.» Ce n'est que contre une taxe d'environ cinq euros que l'on peut encore utiliser les installations sanitaires.
Selon les vacanciers concernés, les transmissions téléphoniques sont aussi également perturbées. Plusieurs utilisateurs ont écrit qu'ils n'avaient pas eu de réseau lors de leur détour. Un utilisateur conseille de télécharger des cartes géographiques à l'avance. Il est aussi possible d'acheter des cartes Sim spéciales pour une vingtaine d'euros aux checkpoints russes, ce qui permet d'avoir du réseau même dans les zones occupées.
Certains Russes, restés dans leur pays, se mêlent aussi à la polémique:
Un autre internaute demande sur un forum de voyage:
Par «nouveaux territoires», on entend les territoires ukrainiens annexés par les armées de Poutine.
Alors que les touristes russes qui se sentent privés de vacances se plaignent, la compréhension du côté ukrainien est très limitée. Certains internautes réagissent par le sarcasme, d'autres par le cynisme.
Le journaliste ukrainien Denis Trubetskoy fait remarquer sur Twitter que la Crimée connaît son été touristique le plus faible depuis des années. Cependant, de nombreux Russes s'y rendent tout de même. Le journaliste voit trois raisons à cela:
Malgré tout, il semble que la Crimée reste un lieu de villégiature attractif. Une touriste russe a déclaré au média Meduza: «Nous reviendrons de toute façon».
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)