Alors que le conflit s'apprête à entrer dans sa troisième année et qu'aucun des deux belligérants ne semble vouloir baisser les armes, un problème de taille se profile pour les forces ukrainiennes: Kiev risque de manquer de soldats. Les pertes subies sur le front, ainsi que les hommes ayant fui à l'étranger, érodent le bassin de population le plus apte à la guerre. L'âge moyen de l'armée ukrainienne se situerait aujourd'hui à environ 43 ans.
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Un problème qui n'échappe pas aux autorités militaires. Fin octobre, le commandant en chef des forces ukrainiennes appelait à élargir les effectifs de l'armée. Dans sa prise de position, Valeri Zaloujny soulignait:
Les chiffres semblent donner raison à Zaloujny. La Russie peut d'ores et déjà compter sur de nombreux réservistes en Ukraine. Il s'agit de 17 régiments, 16 bataillons et deux détachements tactiques de niveau régiment-bataillon, chiffre l'observateur militaire Kostyantyn Mashovets, cité par le centre de réflexion «Institute for the Study of War» (ISW). Concrètement, cela correspond à quelque 60 000 personnes.
Ces hommes sont concentrés dans six zones opérationnelles qui, sans surprise, correspondent aux endroits les plus chauds du front. Le groupe le plus nombreux se trouve entre Bakhmout et Avdiivka, deux villes situées dans la région de Donetsk. La première est tombée en mai dernier, et la deuxième devrait bientôt suivre. Encerclée par les forces russes depuis octobre, elle peine à tenir face aux assauts ennemis. Sa chute semble inévitable.
Le deuxième groupement de réservistes se concentre près de la ville contestée de Koupiansk, dans l'est du pays. Une offensive russe d'envergure serait sur le point d'être lancée, selon Forbes. Les forces de Moscou ont amassé 500 chars lourds, 600 blindés, des canons et lance-missiles par centaines et près de 40 000 soldats dans la région, avec l'objectif de s'emparer de la ville.
La région de Kherson abrite le troisième groupement de réservistes, qui se trouveraient sur la rive orientale du Dniepr. Pas surprenant, commente Kostyantyn Mashovets. D'après lui, les forces russes s'inquiètent d'une menace ukrainienne dans cette zone. De plus, ajoute l'ISW, ces réservistes sont probablement en mesure de se déplacer facilement en direction de Zaporijia si les circonstances l'exigeaient. Des affrontements sont en cours dans ces deux régions.
Cette masse d'hommes ne constituerait pas forcément une menace immédiate pour les forces ukrainiennes. Du moins, pas totalement. Selon Kostyantyn Mashovets, la Russie n'est pas en mesure de produire suffisamment d'armes pour tous ces réservistes. Seulement un tiers d'entre eux, soit quelque 20 000, peuvent actuellement être équipés avec des armes et du matériel.
La Russie a recruté des centaines de milliers de soldats, souvent mal formés, pour intensifier ses assauts contre les lignes ennemies, souligne le Business Insider. La tactique, aussi simple que meurtrière, consiste à envoyer des vagues d'hommes à pied vers les positions ukrainiennes. Ces «attaques de viande», comme elles ont été surnommées, ont été observées à Bakhmout et à Avdiivka.
Malgré les pertes élevées côté russe, la situation reste critique pour l'Ukraine, et la suite s'annonce compliquée. «Kiev risque de céder l'initiative à la Russie en 2024», avance l'ISW, «ce qui permettrait à Moscou de déterminer où, quand et à quelle échelle se déroulent les combats.» (asi)