Un soldat russe examine les dégâts. Le trou dans la chaussée mesure plusieurs mètres de long. Il est béant au milieu du pont de Crimée près de Tchonhar, à la frontière entre l'oblast de Kherson, occupé au sud par la Russie, et la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014.
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Selon le gouverneur de Crimée nommé par le Kremlin, Sergueï Aksionov, un missile Storm Shadow de l'armée ukrainienne fourni par le Royaume-Uni a touché le pont. Plusieurs courtes séquences vidéo montrent plusieurs impacts, y compris à côté du pont.
A video appeared, which, presumably, shows the moment of the attack on the bridge in #Chongar. pic.twitter.com/pAJ4wpLjL1
— NEXTA (@nexta_tv) June 22, 2023
Le pont de Crimée près de Tchonhar n'est pas comparable à celui qui mène à la Russie continentale près de Kertch. Ce pont mesure à peine cent mètres de long, et pourtant il est lui aussi stratégiquement important. Il relie le continent ukrainien au nord-est à la péninsule via le Perekop, un canal naturel d'eau saumâtre entre l'oblast de Kherson et la Crimée, qui constitue un obstacle très difficile à franchir. Selon les indications de Moscou, la réparation du pont devrait prendre plusieurs semaines.
L'attaque de missiles ukrainiens sur le pont de Tchonhar pourrait marquer le début de la bataille pour la Crimée. D'autant plus que le service Internet russe Baza a annoncé que d'autres ponts entre Kherson et la Crimée avaient été bombardés. Jusqu'à jeudi soir, on ignorait desquels il pouvait s'agir.
A environ trois kilomètres à l'ouest du village occupé de Syvash, la ligne de chemin de fer importante pour le transport des troupes russes passe par un barrage et un pont vers la Crimée, jusqu’au carrefour de Djankoï. Un peu plus à l'est, le pont de Henichesk, long d'environ deux kilomètres, traverse la région.
C'est là que l'administration civile russe du sud occupé de l'oblast de Kherson a été évacuée il y a six mois. Jusqu'au début de la guerre, c'était également un lieu de villégiature apprécié des touristes. Il y a quelques semaines déjà, plusieurs missiles ukrainiens s'y étaient abattus à proximité de la côte.
Le pont endommagé de Tchonhar se trouve à environ 160 kilomètres au sud de la ligne de front dans l'oblast de Zaporijia. Les unités ukrainiennes y ont creusé sur au moins deux tronçons et n'ont que peu progressé après les succès initiaux de la contre-offensive d'il y a deux semaines.
«Nous avons libéré 113 kilomètres carrés et huit villages. C'est un territoire immense», a déclaré le Premier ministre Denys Chmyhal jeudi lors de la conférence «Ukraine Recovery» à Londres. «Mais il y a beaucoup de champs de mines, et nous ne brûlons pas nos soldats comme les Russes.» C'est ainsi qu'il a expliqué les progrès globalement modérés.
Le président Volodymyr Zelensky avait, lui aussi, mis en garde ces derniers jours contre de trop grandes attentes. La contre-offensive se déroule plus lentement que prévu, a-t-il admis dans un discours:
Jeudi, l'armée ukrainienne a toutefois attaqué, outre le pont de Tchonhar, deux autres cibles importantes sur la route de la Crimée. Au nord de la ville occupée de Melitopol, considérée comme la porte d'entrée de la Crimée, au moins huit explosions ont été entendues, selon le maire Ivan Fyodorow, qui a fui et est resté fidèle à Kiev.
Une attaque de missiles ukrainiens a également visé l'important nœud ferroviaire voisin de Yakimivka. Une base militaire russe semble également avoir été attaquée à l'est de la ville portuaire occupée de Berdiansk, dans la banlieue d'Azovske.
Les occupants russes s'attendent apparemment à une attaque ukrainienne sur la péninsule de Crimée. Selon un rapport des services de renseignement militaire britanniques, l'armée russe a creusé une ligne de défense sophistiquée dans le nord-ouest de la péninsule.
Des photos satellites montrent deux lignes de défense au nord de la ville d'Armyansk. Selon les données britanniques, elles s'étendent sur neuf kilomètres à travers la seule liaison terrestre vers la péninsule annexée depuis 2014. Il y a quelques semaines, Kiev avait averti que les Russes avaient déjà miné l'usine de titane située à proximité. Les Ukrainiens ont mis en garde contre une nouvelle catastrophe écologique après la rupture du barrage de Kachowka.
(Traduit et adapté par Pauline Langel)