Malgré leurs réticences répétées, la Hongrie et la Slovaquie soutiennent finalement l'Ukraine. Les industries d'armement des deux pays tournent à plein régime. Les armes et les munitions qui y sont produites devraient fournir un soutien important à Kiev cette année – du moins indirectement.
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Souvent décrit comme un «ami de Poutine», le premier ministre hongrois Viktor Orbán a toujours été l'un des principaux opposants à Kiev. Il bloque des aides conséquentes, s'oppose à l'adhésion de l'Ukraine à l'UE et cultive sa proximité avec le Kremlin. Mais, paradoxalement, l'augmentation considérable de la production d'armes en Hongrie risque fortement de rendre un grand service à l'Ukraine.
Jusqu'à il y a cinq ans, la Hongrie ne jouait pas un grand rôle dans l'industrie européenne de l'armement. Mais la situation a bien changé depuis: trois usines ont été ouvertes en 2022, dans lesquelles sont notamment assemblés des véhicules blindés. D'ici 2027, dix nouveaux sites de production d'armement devraient voir le jour. La Hongrie sera alors l'un des plus grands producteurs d'obus d'artillerie de 155 millimètres au sein de l'Otan. La production devrait débuter dès ce printemps.
Par ailleurs, l'industrie hongroise coopère étroitement avec des partenaires internationaux. Il s'agit notamment de fabricants tchèques, italiens, turcs et allemands. Le groupe Rheinmetall a signé à la mi-décembre un contrat avec la holding publique hongroise N7 pour coopérer à la production du char de combat moderne Panther.
Grâce au dynamisme de son industrie militaire, Budapest contribue à atténuer l'un des plus grands problèmes de l'UE dans son soutien à l'Ukraine. L'Europe avait promis un million d'obus d'artillerie par an à Kiev, mais l'année dernière, seuls 300 000 ont réellement été livrés.
La Hongrie ne soutient pas directement l'Ukraine, mais cette hausse de production va permettre aux autres partenaires de Zelensky de fournir davantage d'armes à Kiev, tout en reconstituant leurs stocks grâce aux munitions produites par Orban.
La situation est similaire en Slovaquie. Robert Fico, homme politique favorable à la Russie, est devenu premier ministre à l'automne 2023. Peu après son élection, le chef du gouvernement a annoncé la fin de l'aide militaire à l'Ukraine.
Ce fut un coup dur pour Kiev, car le précédent gouvernement slovaque était un farouche partisan de l'Ukraine.
Mais tout porte à croire que, malgré ses propos déterminés, Fico ne tiendra pas parole. Quelques mois seulement après son entrée en fonction, le gouvernement slovaque assouplit déjà nettement sa position. Il continue à livrer des armes, comme les obusiers Zuzana de fabrication locale, et des munitions à l'Ukraine. Et il est peu probable que cela change à l'avenir.
La Slovaquie est en effet liée par les contrats en cours. De plus, l'industrie de l'armement slovaque collabore, elle aussi, avec des entreprises d'armement du monde entier. Une interruption des activités pourrait nuire fortement à l'économie nationale.
Et les affaires sont florissantes: l'entreprise publique Konštrukta-Defence, qui produit l'obusier Zuzana, a vendu l'année dernière des armes pour une valeur d'environ 85 millions d'euros. De janvier à juillet 2023, le fabricant public de munitions ZVS Holding a écoulé des produits d'une valeur de 44 millions d'euros – plus que sur l'ensemble de l'année précédente.
Pendant ce temps, le gouvernement slovaque diffuse une «clarification» de sa position face à Kiev. La Slovaquie continuera à fournir une aide en armement à l'Ukraine – mais pas à partir des stocks de sa propre armée. Les autorités garantissent que les contrats existants et la production nationale d'armes ne seront pas affectés.
Adaptation française: Valentine Zenker