Les troupes de Vladimir Poutine sur le front ukrainien ont récemment gagné du terrain et pris quelques localités. Mais cette avancée a un prix élevé. Le dirigeant russe commence à manquer de soldats. La tactique des généraux russes, qui consiste à envoyer leurs forces armées dans des attaques «hachoir à viande» inhumaines, au risque de provoquer la mort de milliers de personnes, a pour conséquence de réduire les rangs.
Depuis peu, la Corée du Nord vient les regarnir. Kim Jong-un aide son ami du Kremlin avec ses propres troupes. Il a d'abord été question de 8000 soldats en action dans la région russe de Koursk, conquise par Kiev en août. Mais selon les informations américaines, près de 2000 soldats nord-coréens supplémentaires sont depuis arrivés dans la région. Les Etats-Unis estiment donc que le nombre total de forces nord-coréennes en Russie pourrait être de 11 000 à 12 000, a déclaré lundi le porte-parole du ministère américain de la Défense, Patrick S. Ryder.
La Russie n'a pas démenti l'aide militaire de la Corée du Nord. La ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, Choe Son-hui, vient de rendre visite au Kremlin. Selon une vidéo, elle a transmis à Poutine les «salutations sincères, chaleureuses, de camaraderie» du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. La coopération stratégique entre les deux dictatures devrait encore s'intensifier à l'avenir. La Corée du Nord, au régime stalinien, veut aider Poutine dans son incursion en Ukraine «jusqu'à la victoire».
Les observateurs politiques estiment que le président russe aggrave ainsi davantage le conflit, mais l’indignation attendue de la part de l’Occident ne s’est pas manifestée. Les réactions dans les capitales européennes, ainsi qu'à Washington, sont restées discrètes. L’Otan s’est montrée simplement «préoccupée», et le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré être «très inquiet» face à cette évolution. Aucune trace de sanctions ou de mesures militaires, comme l’a demandé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le dirigeant du Kremlin semble pouvoir continuer à franchir des lignes rouges sans que l'Occident ne réagisse. Le groupe de réflexion américain Atlantic Council parle d'une preuve supplémentaire de l'échec de la politique d'endiguement envers la Russie. Selon ces experts en géopolitique:
Selon des données ukrainiennes, entre 1000 et 1200 soldats russes meurent chaque jour sur le front. Les troupes nord-coréennes servent donc à Poutine de «chair à canon», comme l'écrivent les experts militaires. Kim Jong-un n'aurait en effet pas vraiment envoyé ses unités d'élite en Russie.
Ainsi, des premiers incidents auraient eu lieu entre les Russes et les Nord-Coréens sur le front de Koursk. D'après le magazine américain Newsweek, des soldats nord-coréens auraient tiré sur leurs camarades russes lors de combats dans la région. C'est en tout cas ce que raconte un soldat russe qui s'est rendu à l'armée ukrainienne.
Selon ce rapport, des Russes et des Nord-Coréens auraient été envoyés dans la forêt pour creuser une tranchée lorsqu'ils ont été surpris par une attaque ukrainienne. Les soldats nord-coréens en renfort auraient alors commencé à tirer autour d'eux, touchant également des Russes. Deux soldats russes seraient morts.
L'incident n'a pas encore pu être confirmé de manière indépendante, le ministère russe de la Défense n'ayant pas répondu aux questions de Newsweek à ce sujet. Andrei Kovalenko, président du Conseil de sécurité et de défense ukrainien, a seulement confirmé lundi que des soldats nord-coréens avaient participé aux premières opérations de combat du côté russe.
Traduit et adapté par Noëline Flippe