Ces dernières semaines, la Russie a utilisé un nouveau missile de croisière lors de ses tirs sur l'Ukraine, rapportent les médias ukrainiens. Il s'agirait d'une arme particulièrement économique, utilisée à différentes fins et baptisée «S 8000 Banderol».
Selon le journal ukrainien Defense Express, sa particularité réside dans le fait qu'il peut manœuvrer plus rapidement que les missiles de croisière russes comparables. L'engin a une portée de près de 500 kilomètres et peut transporter 149 kilogrammes d'explosifs. Le missile est largué par des drones Orion, l'armée de l'air russe ne doit donc pas exposer ses avions de combat au risque d'être détecté par la défense aérienne ukrainienne.
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Defence Intelligence of Ukraine has published a technical breakdown of russia's new S8000 "BanderoL" cruise missile in the "Weapon Components" section of the War & Sanctions portal.
— Defence Intelligence of Ukraine (@DI_Ukraine) May 13, 2025
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Selon les informations des services secrets ukrainiens (Gur), le missile serait fabriqué par l'entreprise d'armement russe Kronstadt. Cette entreprise figure sur les listes de sanctions du monde entier. Comme il est de toute façon devenu difficile pour la Russie d'acheter des composants sur le marché mondial, l'entreprise a dû improviser, selon le Gur. Au lieu de commencer par planifier le missile sur ordinateur puis de produire les pièces, l'armée russe s'est apparemment procuré les composants partout où elle pouvait contourner les sanctions ou là où elles n'existaient pas.
Le résultat est une sorte de missile de croisière «Frankenstein», mais qui serait néanmoins très efficace. La Russie semble avoir mis au point un «système d'armes impressionnant» qui pourrait donner à ses forces armées un «avantage considérable sur le champ de bataille», a déclaré Vijainder K. Thakur, un analyste militaire et ancien pilote de chasse indien, au journal britannique Telegraph.
Selon les informations ukrainiennes, le moteur provient de Chine. Il s'agirait d'un moteur qui peut être commandé sur des plateformes chinoises comme Alibaba. Coût: 15 000 dollars américains, pour une commande de plus de 20 unités.
Le Gur a examiné les restes d'un missile «Banderol» et a trouvé 20 composants qui ne provenaient pas de Russie. Ces pièces auraient été produites aux Etats-Unis, en Suisse, au Japon, en Australie et en Corée du Sud. Comme ces pays ne fournissent pas directement la Russie, les pièces – dont des puces électroniques – ont été achetées via des pays tiers. Des batteries japonaises et une unité de direction sud-coréenne ont notamment été trouvées dans les restes du missile. Les composants électroniques auraient été achetés via la société russe Chip & Dip.
La Russie n'a pas officiellement confirmé qu'elle utilise les missiles Banderol. En février, elle a simplement annoncé qu'elle testait un nouveau missile.
La Russie a continué à développer son industrie de l'armement malgré les sanctions occidentales. Un rapport de l'Institut international d'études de sécurité indique que la Russie a considérablement augmenté ses capacités de production de propulseurs à combustible solide. Ce type de missile est un élément central de l'arsenal nucléaire stratégique de la Russie et des armes conventionnelles à courte portée basées au sol massivement utilisées dans la guerre russe contre l'Ukraine.
Les experts doutent néanmoins que la Russie puisse maintenir ses capacités d'armement pendant longtemps:
Le Cepa basait son évaluation sur des chiffres de vente en baisse du groupe d'armement Rostec et du groupe de missiles Tactical Missile Corp.
Cette diminution est probablement due à l'augmentation des coûts. La faiblesse du rouble et les sanctions des alliés de l'Ukraine renchérissent l'importation de matières premières et de composants. De nouveaux missiles comme le «Banderol», qui peuvent être construits avec des pièces disponibles dans le commerce à des prix nettement plus avantageux que les missiles et missiles de croisière russes existants, devraient donc être d'autant plus importants.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci