La guerre fait rage en Ukraine depuis plus de 500 jours. Les nouvelles de la guerre font presque partie du quotidien et pourtant, nous ne savons pas tout. En Occident, on ne sait que peu de choses sur les débuts de la guerre et sur la perspective russe.
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Dans une interview accordée au quotidien russe Novaya Gazeta Europe – l'un des rares médias russes indépendants qui subsistent – l'ancien soldat russe Kamil raconte sa vie dans l'armée russe la guerre a commencé.
Kamil explique qu'il faisait partie de la division en charge des missiles de l'armée russe. Fin 2021, il a été transféré en Biélorussie, pays voisin de la Russie: «Nous sommes allés en Biélorussie pour des exercices militaires». Selon Kamil, il y avait déjà, à ce moment-là, des rumeurs selon lesquelles l'armée allait bientôt partir en guerre.
«On parlait du fait que quelque chose se préparait à la frontière et que des conflits armés étaient probables. Tout le monde devait être préparé à cela.» C'est à ce moment-là que le commandant de Kamil lui aurait demandé:
Quelques mois plus tard, cela s'est effectivement produit. Kamil se souvient encore très bien du premier lancement de la fusée, le 24 février 2022, peu avant cinq heures du matin. «Tout est devenu rouge autour de nous», raconte-t-il. Des fusées auraient été tirées et se seraient dirigées vers le sud [vers l'Ukraine]. Un camarade lui a expliqué que la guerre avait maintenant commencé, se souvient Kamil.
Kamil et son unité auraient reçu des informations de sources officielles et non officielles. Elles disaient que les unités russes n'avaient pas conquis le territoire ukrainien, mais qu'elles l'avaient «simplement traversé». Le bruit s'est répandu, dans la troupe, que le «gouvernement de Kiev allait bientôt capituler», raconte Kamil se remémorant ces instants baignés dans la propagande du Kremlin.
D'ailleurs, les pertes ou les crimes commis pendant la guerre n'avaient pas été évoqués, ses camarades n'auraient ainsi fait état que de prétendus succès. Selon eux, tous les «systèmes de défense aérienne ukrainiens» et tous les «objectifs militaires d'importance stratégique» auraient été anéantis dès les premières semaines de la guerre. C'était faux, dès les premiers jours de la guerre, la Russie a rencontré des problèmes plus importants que ce que le Kremlin et de nombreux experts avaient supposé. Ainsi, l'attaque de la capitale ukrainienne Kiev n'a pas été couronnée de succès.
En outre, le gouvernement de Kiev était tenu pour seul responsable de la destruction causée par l'invasion russe. En regardant les images, Kamil a, toutefois, compris qu'il était, lui aussi, coresponsable des attaques:
C'est pour cela que Kamil a décidé de déserter. Après six mois au front, il a été libéré pour une permission, c'était l'occasion. L'organisation russe «Идите лесом» (en français: «Passe par la forêt») l'a aidé. Son parcours de déserteur l'aurait alors fait passer par la Biélorussie pour arriver au Kazakhstan.
Kamil lui-même ne prévoit pas de retourner en Russie avant la fin du «régime de Poutine», notamment par crainte des conséquences pénales de sa fuite. Il n'a plus non plus de contact avec ses camarades au front, mais il souhaite que «ceux qui sont encore dans l'armée trouvent une possibilité de revenir à une vie normale».
(t-online, lec)