La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui s'est rendue jeudi à Kiev, a promis que l'UE soutiendrait l'Ukraine «aussi longtemps» qu'il le faudrait face à la Russie. Elle a demandé que Vladimir Poutine soit traduit en justice.
Le déplacement de von der Leyen est intervenu parallèlement à une rencontre entre le président russe et son homologue chinois Xi Jinping, à Samarcande, en Ouzbékistan, pour un sommet régional de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), vantée comme une solution «alternative» aux alliances occidentales.
S'il a salué à cette occasion la «position équilibrée» du président Xi sur l'Ukraine, Vladimir Poutine a aussi dit «comprendre (ses) questions et (ses) inquiétudes» à ce sujet. «Il n'est pas surprenant que la RPC (République populaire de Chine, ndlr) ait apparemment de telles préoccupations. Il est quelque peu curieux que le président Poutine soit celui qui l'admette si ouvertement», a peu après commenté le porte-parole du Département d'Etat américain.
Pékin n'a ni appuyé, ni critiqué publiquement l'invasion russe, tout en exprimant plusieurs fois son soutien à Moscou face aux sanctions occidentales. Poutine a par ailleurs dénoncé à Samarcande les tentatives occidentales de créer un «monde unipolaire», tandis que Xi a souligné que son pays était prêt à assumer son rôle de «grande puissance» avec la Russie, tout en insistant sur l'objectif de «stabilité» face au «chaos».
En Ukraine, von der Leyen s'est quant à elle entretenue avec le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky, se disant impressionnée par la «bravoure» des forces ukrainiennes sur le front. «Vous aurez vos amis européens à vos côtés aussi longtemps qu'il le faudra. Nous sommes amis pour toujours», a-t-elle lancé aux côtés de Zelensky.
Dans un entretien avec la chaîne de télévision du quotidien Bild, la dirigeante européenne a plaidé en faveur d'une comparution du président russe devant la justice internationale.
L'Ukraine a pour «priorité» de faire partie du marché commun de l'Union européenne, où les biens, services et capitaux peuvent circuler librement entre les pays, a de son côté souligné le président ukrainien, dont le pays souhaite notamment augmenter ses livraisons d'électricité à l'UE.
Il s'agissait de la troisième visite en Ukraine de Mme von der Leyen mais de sa première depuis que ce pays est devenu candidat à l'entrée dans l'UE. Les Européens avaient entériné en juin la candidature de l'Ukraine, qui ambitionne également de rejoindre l'Otan. Cette perspective est perçue comme une menace existentielle par Moscou, qui a déclenché sous ce prétexte, parmi d'autres, son invasion le 24 février.
Les Occidentaux ont pris en réaction une série de sanctions à l'encontre de la Russie tout en fournissant des armes à Kiev, un soutien crucial qui lui a permis de reprendre ces dernières semaines des milliers de kilomètres carrés de territoires aux forces russes.
L'Allemagne a à cet égard annoncé jeudi que des véhicules blindés lui seraient «très bientôt» livrés, mais pas pour le moment les chars de combat réclamés, tandis que les Etats-Unis ont opté pour une nouvelle salve de sanctions ciblant une vingtaine de responsables russes.
Armer l'Ukraine peut être acceptable «si les conditions de moralité sont réunies», a pour sa part estimé le pape François. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a dans le même temps mis en garde Washington contre l'envoi de missiles de longue portée à l'Ukraine qui constituerait le franchissement d'une «ligne rouge» et forcerait Moscou à «réagir».
L'Ukraine demande également un soutien financier, son économie s'étant effondrée et ayant actuellement besoin de cinq milliards de dollars par mois pour couvrir son déficit budgétaire.
A la veille du déplacement de von der Leyen, Volodymyr Zelensky s'était rendu dans la ville stratégique d'Izioum, d'où il a promis aux Ukrainiens la «victoire». Il a souligné que «la quasi-totalité de la région de Kharkiv» était désormais «libérée», à la faveur d'une contre-offensive entamée début septembre.
A Bakhmout, dans la région orientale de Donetsk, les journalistes de l'AFP ont vu un épais panache de fumée jeudi matin après la frappe qui a atteint un immeuble d'habitation dans la nuit. Des pompiers tentaient de retrouver des corps au milieu d'un amas de débris, tandis que les rues étaient quasi-désertées, des tirs d'artillerie se faisant entendre. (ats/jch)