Le Kremlin a qualifié lundi de «mensonge» la découverte de centaines de tombes dans une forêt près de la ville d'Izioum, récemment reprise par les forces ukrainiennes, dernière dénégation russe en date quant à des exactions.
Des journalistes de l'Agence France-presse (AFP) ont vu vendredi sur place des centaines de tombes marquées d'une croix et de numéros ou de noms et de dates, ainsi qu'une fosse commune renfermant 17 corps de soldats ukrainiens, selon les médecins-légistes. Au moins un des cadavres avait les mains liées par une corde.
Selon les autorités ukrainiennes, plus de 440 tombes ont été retrouvées dans cette forêt près d'Izioum, où la police nationale a aussi dit avoir découvert, comme dans d'autres localités reprises récemment, des «salles de torture».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui évoqué samedi «de nouvelles preuves de torture» à Izioum, où «le processus d'exhumation se poursuit».
Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les territoires qu'elles contrôlent en Ukraine, et notamment à Boutcha, en périphérie de Kiev, où avaient été retrouvés après leur départ fin mars des cadavres de civils froidement exécutés dans les rues.
La présidence tchèque de l'Union européenne (UE) a appelé samedi à la création d'un tribunal international spécial pour Izioum et l'Organisation des nations unies (ONU) a dit vouloir envoyer «sous peu» une équipe.
Sur le terrain lundi, l'Ukraine a accusé l'armée russe d'avoir bombardé le site de la centrale nucléaire de Pivdennooukraïnsk, dans le sud du pays, après des semaines de tensions autour de celle de Zaporijia, occupée par Moscou et visée par de multiples frappes.
Selon l'opérateur Energoatom, «une puissante explosion s'est produite à seulement 300 mètres des réacteurs» de cette centrale, la prêtant à une frappe nocturne d'un missile russe.
Le président Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois assuré que la Russie mettait «en danger le monde entier» et appelé à «l'arrêter tant qu'il n'est pas trop tard».
Dans son discours du soir, le chef de l'Etat a affirmé que l'armée ukrainienne «tenait fermement ses positions» et «stabilisait la situation» dans la région de Kharkiv, alors que depuis plusieurs jours l'avancée ukrainienne a ralenti.
A Donetsk, bastion des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, treize civils ont été tués lundi dans une frappe ukrainienne «punitive» sur une place de cette ville qui échappe au contrôle de Kiev depuis 2014, selon le maire pro-Moscou.
Dans la région voisine de Lougansk, les séparatistes ont condamné à treize ans de prison deux employés de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), accusés de «haute trahison» pour avoir fourni des «informations confidentielles» à des services de renseignement étrangers.
Dans le reste de l'Ukraine, 10 civils ont été tués et 22 blessés ces dernières 24 heures, selon le bilan de la présidence ukrainienne, qui a rapporté des bombardements dans plusieurs régions le long du front et des combats essentiellement dans celle de Lougansk, dans l'est.
Dans la région de Kharkiv, au nord-est, les journalistes de l'AFP ont constaté des combats d'artillerie sur le front de Koupiansk, tandis qu'un flux régulier de civils traumatisés quittait la ville, passée sous contrôle ukrainien.
Dans les rues de la ville, d'immenses affiches de propagande prorusse étaient encore visibles, les rues étaient elles jonchées de débris de verre, de douilles de cartouches et de restes de rations.
Dans la même région, les journalistes de l'AFP ont aussi recueilli les témoignages d'Ukrainiens ayant dit avoir subi des tortures aux mains de militaires russes durant l'occupation des forces russes.
Les soldats russes l'accusaient d'avoir donné aux forces ukrainiennes les coordonnées d'une école dans laquelle ils s'étaient installés. Un bombardement ukrainien y avait tué de nombreux militaires. (ats/jch)