Les chars sont entrés à Khan Younès. Depuis dimanche, le centre de la plus grande ville du sud de la bande de Gaza est le théâtre de l'offensive militaire israélienne. L'objectif de celle-ci est, outre la libération de tous les otages, surtout la destruction du Hamas, comme l'a confirmé le premier ministre Benjamin Netanyahou ce week-end. Selon lui, la guerre va se poursuivre et s'intensifier dans le nord et le sud de la bande de Gaza dans les semaines à venir.
👉 Notre direct sur la guerre entre le Hamas et Israël 👈
Dans son message vidéo, le chef du gouvernement a appelé le Hamas à déposer les armes:
Des dizaines de combattants l'auraient déjà fait, déclare-t-on du côté israélien. Mais le Hamas dément.
Comme dans la ville de Gaza, l'armée israélienne a confirmé la mort de «nombreux terroristes» à Khan Younès. L'un des habitants les plus dangereux de la ville semble toutefois échapper régulièrement aux Israéliens. Mohammed Deïf est l'un des terroristes du Hamas les plus recherchés et est considéré comme le cerveau de l'attentat du 7 octobre. Pendant deux ans, il aurait organisé l'attaque sans que les services secrets israéliens n'en soient informés.
On sait peu de choses sur le chef des Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas. Il n'existe que quelques photos de lui, datant d'une vingtaine d'années. Mais depuis, il a probablement beaucoup changé.
Depuis 2001, Mohammed Deïf aurait survécu à sept attentats perpétrés par l'armée israélienne. Il a perdu un œil et, selon les informations, une ou deux jambes et un bras.
En 2014, une attaque aérienne contre une maison où l'on pensait que Mohammed Deïf se trouvait a coûté la vie à sa femme et à deux de ses enfants. La dernière fois qu'Israël a tenté de tuer le commandant, c'était pendant la guerre de Gaza en 2021 – en vain, une fois de plus.
Pour ne pas se faire prendre, Mohammed Deïf vit dans la clandestinité depuis des décennies. Le nom «Deïf», traduit de l'arabe, signifie «invité» et fait allusion au fait qu'il ne reste jamais longtemps au même endroit, mais cherche toujours à se réfugier dans différentes familles. Selon plusieurs médias, son vrai nom est Mohammed Al-Masri.
Comme l'a déclaré un responsable des services de renseignement israéliens au Financial Times, Mohammed Deïf est né à Khan Younès dans les années 1960. Il a rejoint le Hamas à la fin des années 1980. En 2002, il a pris la tête des Brigades Al-Qassam.
Le terroriste est considéré comme co-responsable de la construction de l'arsenal de roquettes et du système de tunnels du Hamas à Gaza. Il aurait en outre été l'une des forces motrices derrière les attentats-suicides des années 1990. Il les a organisés peu après la signature des accords de paix d'Oslo entre le mouvement de libération de la Palestine (OLP) et Israël (1993).
Mohammed Deïf rejette les négociations avec Israël ou même une solution à deux Etats. Dans sa charte fondatrice, le Hamas mentionnait déjà la destruction de l'Etat juif. Le fait qu'une solution pacifique au conflit du Proche-Orient se soit à nouveau éloignée depuis le 7 octobre ne doit pas lui déplaire.
Outre la branche militaire, le Hamas dispose également d'une branche politique et d'une branche caritative. En raison de la complexité de sa structure, l'assassinat de certains dirigeants n'affaiblit pas l'organisation à long terme, comme l'a montré l'assassinat du fondateur du Hamas Ahmed Yassine en 2004. La mort de Mohammed Deïf aurait donc surtout une signification symbolique pour Israël.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder