Un nom fait sensation ces jours-ci dans les négociations entre Israël et le Hamas pour un cessez-le-feu. Selon un rapport de l'agence de presse AP, Marwan Barghouti figure en bonne place sur la liste des personnes dont le groupe terroriste souhaite la libération. L'homme du Fatah bénéficie comme aucun autre d'un soutien dans tous les camps.
Pour de nombreux Israéliens, une libération est toutefois difficilement envisageable. En effet, Marwan Barghouti purge une longue peine de prison pour avoir participé à des attentats terroristes contre des Israéliens.
Le nom de cet homme de 64 ans, qui est derrière les barreaux depuis plus de 20 ans, a déjà fait l'objet de nombreux débats. En 2011, par exemple, plus de 1000 prisonniers palestiniens ont été échangés contre le soldat Gilad Shalit, enlevé par le Hamas. Il n'a toutefois jamais été libéré.
Marwan Barghouti, né en 1959 près de Ramallah, rejoint le Fatah de Yasser Arafat à l'âge de 15 ans. A 19 ans, il connaît son premier emprisonnement l'obligeant à y terminer sa scolarité. C'est là-bas, et seul, qu'il a appris l'hébreu. Lorsque la première Intifada, le soulèvement populaire palestinien, a commencé, en 1987, Bargouthi a été rapidement expulsé vers la Jordanie, accusé d'avoir provoqué des affrontements avec les forces de sécurité israéliennes.
A son retour en 1994, il a été promu secrétaire général du Fatah et a pris la tête de la milice paramilitaire Tansim. Lorsque le processus de paix d'Oslo s'est définitivement terminé au début des années 2000 par la deuxième Intifada, beaucoup plus sanglante, Barghouti a été à nouveau arrêté. Il a, cette fois-ci, été condamné à cinq peines de prison à vie après avoir été reconnu coupable d'être le cerveau de plusieurs attentats terroristes meurtriers.
Mais son parcours ne s'arrête pas à la prison puisqu'il est également connu pour ses nombreuses déclarations politiques. Marwan Barghouti a répété de nombreuses fois des discours en faveur de la paix avec Israël et d'une solution à deux Etats. Il a parfois entretenu des contacts avec des hommes politiques israéliens et des membres du mouvement pacifiste israélien. Il dispose, en outre, d'un soutien au sein de la société palestinienne et, malgré son incarcération, il devance régulièrement dans les sondages tous les autres leaders politiques comme le président palestinien Mahmoud Abbas ou le chef du Hamas Ismail Haniyya.
Il est considéré comme intègre par de nombreux Palestiniens, notamment parce qu'il avait déjà lancé une campagne contre la corruption en tant que député du nouveau parlement palestinien en 1996. Son séjour en prison lui a, en outre, valu le surnom de «Nelson Mandela palestinien» auprès de nombreux partisans. Pour rappel, Nelson Mandela a également passé 27 ans en prison avant de mettre fin à l'apartheid en devenant le premier président noir d'Afrique du Sud.
Pour Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet – le service de renseignement intérieur – Israël doit le libérer, car lui seul pourrait «guider une direction palestinienne unie et légitime sur la voie d'une séparation consensuelle avec Israël».
Mais Marwan Barghouti a aussi toujours combattu Israël avec détermination et violence. Sa libération susciterait, sans doute, l'indignation de nombreux Israéliens. Barghouti lui-même a appelé pour la dernière fois, en décembre, depuis sa cellule, à participer à la campagne de «libération» palestinienne actuellement en cours.
Benjamin Netanyahou et son gouvernement se sont montrés tout sauf intéressés par des discussions avec les Palestiniens ou par une solution à deux Etats ces dernières semaines. Au lieu de ça, le chef du gouvernement répète qu'un accord «ne se fera pas à n'importe quel prix» et pas en échange de «milliers de terroristes». Mais jusqu'à présent, il n'a pas non plus exclu la libération de Barghouti et d'autres dirigeants palestiniens connus.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)