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Sommet IA à Paris: des milliards sur la table

Milliards sur la table et data-centers assoiffés: le sommet IA à Paris

Le président français Emmanuel Macron a invité le monde de l'IA à un sommet à Paris, alors que les Etats-Unis et la Chine dominent le secteur. Quant aux Européens, ils sont divisés entre éthique, pouvoir et affaires.
11.02.2025, 14:5411.02.2025, 14:54
Stefan Brändle, Paris / ch media
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L'été dernier, lors des JO, les escrimeurs olympiques s'affrontaient au Grand Palais, à Paris. Cette fois, ce sont les informaticiens qui se disputent sous la célèbre coupole de verre. Lundi, ils ont échangé principalement sur des sujets tels que les standards technologiques communs ou la consommation énergétique astronomique dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA).

Le soir, Emmanuel Macron et le premier ministre indien Narendra Modi ont convié plus de cent chefs d'Etat et dirigeants technologiques à un dîner de gala au Palais de l'Elysée. Parmi les invités étaient attendus le vice-président américain J.D. Vance lors de sa première visite officielle en Europe, le chancelier allemand Olaf Scholz, le vice-premier ministre chinois Ding Xuexiang, ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Egalement présents, Brad Smith de Microsoft, Sam Altman d'OpenAI, et Sundar Pichai de Google. Elon Musk n'est pas venu, tandis que Liang Wenfeng, créateur de Deepseek, était présent.

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Une petite photo de famille au sommet parisien de l'IA, ce 10 février à l'Elysée.Keystone

Pour la Suisse, le conseiller fédéral Albert Rösti était présent. Il prévoit d'annoncer, dans quelques jours, les mesures à prendre en Suisse concernant la promotion et la régulation de l'IA. C'est une raison de plus pour le gouvernement suisse de se renseigner à Paris sur les projets des autres avant de prendre ses propres décisions.

Au Grand Palais, l'«Action Summit» était marqué par une véritable fièvre de l'or. En janvier, le président américain Donald Trump a lancé le projet d'IA Stargate, qui, avec un financement privé de 500 milliards de dollars, donne une idée de l'ampleur de l'avenir de l'IA. De la part de la Chine est venue une réponse — pour les participants à la conférence parisienne — quelque peu simpliste, avec le chatbot Deepseek. «La course au marché de l'IA ne fait que commencer», a commenté Clark Parsons, participant à la conférence et membre du European Startup Network (ESN).

Les entreprises européennes pionnières en matière d'IA comme Aleph Alpha (Allemagne) ou Mistral (France) luttent pour rattraper les Américains et les Chinois et se sont battues à Paris pour obtenir des investissements publics. Mais comme d'habitude, les gouvernements agissent plutôt au niveau national qu'en réseau européen. Et la Commission européenne a commencé par activer, la semaine dernière, un «AI Act» avec des directives (par exemple pour la mise à l'échelle en fonction de la taille) et des interdictions (du scoring social, c'est-à-dire de la surveillance des utilisateurs).

L'IA consommera autant d'énergie que le Japon

Au Grand Palais, certains critiquent toutefois ces data centers et leur consommation énergétique gigantesque. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a calculé, à Paris, que cette consommation devrait doubler d'ici à 2026 pour atteindre plus de 1000 térawattheures. Cela représenterait l'équivalent de la consommation totale d'électricité du Japon, soit 5% de la consommation énergétique mondiale. Les centres de données doivent en outre être refroidis avec beaucoup d'eau. Chaque requête effectuée par un utilisateur nécessite un décilitre, c'est-à-dire un verre d'eau.

Emmanuel Macron, qui a comparé l'ère imminente de l'IA à la Renaissance, a déclaré de manière tout aussi ambitieuse qu'il s'agissait de la «politique, de la souveraineté et de l'indépendance» européennes. Cependant, le président français pense d'abord à ses intérêts nationaux. Il a ainsi lancé la construction d'un gigantesque centre de données pour l'IA en France. Les Emirats Arabes Unis, dont le président Mohammed bin Said Al Nahjan a annoncé la participation aux côtés du président français avant le sommet sur l'IA, contribueront aux coûts, estimés entre 30 et 50 milliards d'euros.

Angela Müller, de l'organisation AlgorithmWatch CH, a critiqué à Paris le fait que la quête de taille de l'industrie de l'IA soit «complètement hors de contrôle». Elle a également souligné que des entreprises de la tech comme Google avaient abandonné leur objectif de devenir climatiquement neutres d'ici 2030 en raison de l'IA. La Suissesse a appelé les grandes entreprises technologiques, comme Meta ou Google, à plus de transparence et à des efforts pour économiser de l'énergie:

«La véritable menace existentielle ne réside pas dans le fait que les machines d'IA développent une conscience et prennent le contrôle du monde, mais dans le fait que nous permettons à la technologie de causer des dommages incontrôlés à notre planète»

Les centres de données ne devraient donc fonctionner qu'avec des énergies renouvelables.

Emmanuel Macron veut alimenter le centre de données construit avec les Emirats grâce à l’énergie nucléaire afin d’atteindre la neutralité carbone. Parallèlement, le président français a plaidé lors du sommet pour la création d’un fonds mondial doté de 2,5 milliards d’euros afin de garantir l’accès public à l’IA pour les pays les plus pauvres et leurs habitants.

Entre-temps, l'Australie, Taiwan, la Corée du Sud et les Pays-Bas ont interdit Deepseek, du moins pour leur service public. Face aux doutes croissants concernant la licence open source, les données financières ainsi que les valeurs d'entraînement, des appels se font désormais entendre aux Etats-Unis, en France et en Italie pour interdire le chatbot miracle «made in China».

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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