L'Iran a tiré des drones et des missiles sur Israël ce samedi soir 13 avril. Presque tous les projectiles ont été détruits par la défense antiaérienne israélienne, mais la situation est plus tendue que jamais.
On apprend aujourd'hui que la diplomatie suisse était également impliquée en tant qu'intermédiaire. Berne aurait transmis des messages de Téhéran à Washington pendant l'attaque iranienne. Les Etats-Unis, ennemis jurés du régime des mollahs et alliés d'Israël, ont ainsi été informés que l'attaque était terminée. Et ce, alors que les missiles volaient encore. C'est ce que rapportent de manière concordante The Times of Israel et le journal américain The Hill. Un «haut fonctionnaire américain» est cité comme source.
Interrogé à ce sujet, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ne confirme pas cette information, mais ne l'infirme pas non plus. Le DFAE ne souhaite pas s'exprimer sur les activités menées dans le cadre du mandat de puissance protectrice, comme l'indique un porte-parole.
Il est tout à fait possible que la Suisse ait transmis des messages dans le cadre de ses bons offices, également connus sous le nom de «mandat de puissance protectrice». Comme les Etats-Unis et l'Iran ne se parlent plus, la Suisse représente les intérêts des Etats-Unis en Iran. En tant que puissance protectrice, la Suisse a aujourd'hui six mandats, dont la représentation des intérêts des Etats-Unis en Iran est sans doute le plus important.
Selon le DFAE, il s'agit de relations minimales entre des Etats qui n'ont plus de relations entre eux. On peut imaginer le rôle de la Suisse dans ce contexte comme celui d'un facteur qui apporterait le courrier.
Pour rappel, le mandat de puissance protectrice remonte à la crise des otages de 1980 et à l'assaut de l'ambassade américaine à Téhéran. Suite à cela, les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec l'Iran.
Deux exemples récents montrent l'importance de la diplomatie suisse dans la désescalade d'Etats ennemis.
Le 3 janvier 2020, le général iranien Kassim Soleimani est assassiné à Bagdad par les Etats-Unis. Le chef spirituel iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, jure alors de se venger.
Le même jour, un fax du DFAE à Berne parvient à l'ambassade suisse à Téhéran. On y lit «Don't escalate», ne lancez pas d'escalade, selon le Wall Street Journal. L'expéditeur ne serait autre que le gouvernement américain à Washington. L'ambassadeur suisse en Iran se précipite et transmet immédiatement le message au ministre iranien des Affaires étrangères.
Le lendemain, le ministre iranien des Affaires étrangères appelle l'ambassadeur suisse avec un message rédigé avec retenue à l'intention de Washington. Berne le transmet immédiatement. C'est très important, car au même moment, les deux parties font de plus en plus de bruit en public. Quelques jours plus tard, des missiles iraniens causent des dégâts sur une base militaire américaine en Irak – sans faire de victimes. Via Berne, l'Iran informe Washington que les représailles sont terminées. Les Etats-Unis renoncent à d'autres actes de guerre. Cela également grâce au message de Téhéran transmis par la Suisse, d'après Washington.
Le 7 décembre 2019, un échange de prisonniers entre les Etats-Unis et l'Iran a lieu à l'aéroport de Zurich. Il s'est déroulé grâce au mandat de puissance protectrice de la Suisse et a été orchestré par des diplomates bernois. Le transfert des prisonniers a lieu sur le tarmac, tandis que l'envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Iran et le ministre iranien des Affaires étrangères attendent leurs ressortissants respectifs dans des locaux séparés.
Les diplomates du DFAE et les bons offices sont donc très importants pour apaiser les tensions lorsque deux Etats ne se parlent pas.
Traduit et adapté par Tanja Maeder