Si Israël affirme ne pas vouloir gouverner la bande de Gaza après la disparition prévue du Hamas, les Etats-Unis, eux, nourrissent de grands projets de réorganisation politique pour le territoire. Si ce proche allié de l'Etat juif ne souhaite pas envoyer de forces de paix sur place, il prévoit en revanche une «multitude de possibilités» en ce qui concerne sa recomposition politique, selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
Dans tous les cas, «il ne fait aucun doute que la guerre israélienne se terminera par une nouvelle autorité à Gaza», confirme le politologue Thomas Jäger de l'université de Cologne. Comme Israël ne veut pas y gouverner et que les forces de paix américaines ne sont pas une option pour les Etats-Unis, il faut réfléchir à d'autres solutions.
«La Turquie a brièvement été évoquée comme puissance protectrice», note le politologue. En outre, il est question de déployer des troupes égyptiennes dans la bande de Gaza afin de garantir la sécurité publique. Le financement de cette force de sécurité pourrait être assuré en collaboration avec le Qatar.
Le média américain Bloomberg a évoqué, pour sa part, une autre possibilité de réorganisation politique de la bande de Gaza: être placé sous mandat des Nations unies.
Pour Thomas Jäger, il est intéressant de constater la réticence des Etats arabes à réfléchir à la réorganisation politique de la bande de Gaza après une victoire militaire d'Israël.
Le rôle de l'Autorité palestinienne – qui gouverne la Cisjordanie occupée par Israël – dans l'après-guerre n'est pas non plus établi. Le politologue explique toutefois que, du point de vue des Etats-Unis, elle est la seule organisation palestinienne qui pourrait avoir une quelconque autorité pour assumer une responsabilité politique dans la bande de Gaza.
C'est pourquoi on entend si peu parler du Fatah, l'autre force politique palestinienne.
«L'issue de la guerre dans la bande de Gaza déterminera, en outre, l'avenir de la solution à deux Etats préconisée par les Etats-Unis», ajoute Thomas Jäger. La solution des deux Etats prévoit la création d'un Etat palestinien indépendant. Deux semaines après l'attaque du Hamas contre Israël, le président américain Joe Biden soulignait encore que cette solution à deux Etats restait la «vision d'après-guerre» que les Etats-Unis poursuivaient pour le foyer de conflit qu'est Israël.
«Cela dépendra toutefois aussi de la situation politique après la guerre en Israël», explique Thomas Jäger qui précise:
Il y a donc aux Etats-Unis de nombreuses propositions de solution au conflit du Proche-Orient. Celle qui sera imposée dépendra toutefois de nombreux facteurs externes, sur lesquels les Etats-Unis ne peuvent exercer qu'une influence indirecte. L'issue reste incertaine.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder