International
Israël

«Ne me tuez pas!»: le Hamas attaque une rave-party en Israël

«Ne me tuez pas!»: le Hamas attaque une rave-party en Israël
Noa Argamani, 27 ans, a été kidnappée sous les yeux de son compagnon, samedi à l'aube. Elle participait, avec plus de 2000 jeunes cette nuit-là, à la rave-party qui fut le coeur de l'attentat terroriste perpétré par le Hamas.

Attentat du Hamas dans une rave: «S'il vous plaît, ne me tuez pas!»

300 morts, probablement une centaine d'otages. Samedi à l'aube, la jeunesse israélienne a été prise au piège par des terroristes du Hamas, dans un festival techno à ciel ouvert. Que s'est-il réellement passé?
09.10.2023, 12:1109.10.2023, 20:31
Plus de «International»

C'est une scène ordinaire dans les rave-party de par le monde: défier l'aube, après des heures de musique, de danse, d'émotions et de sueur. Accueillir le soleil et faire durer l'extase jusqu'au réveil des travailleurs. Le 7 octobre 2023, au pied du jour, ils étaient encore plusieurs centaines sur ce que l'organisateur décrit comme «un terrain de jeu pour adulte», lorsque les premiers parachutistes du Hamas ont déchiré le ciel, au loin, comme éjectés de la brume. Sous un bouddha géant, des lampions, des tentes et des bâches colorées, la nouvelle génération israélienne s'égosillait de bonheur.

Dans ce coin de désert, situé à environ cinq kilomètres du mur de fer qui sépare Israël de la bande de Gaza, l'heure était aux «amis, à l’amour et à la liberté infinie». Dans le kibboutz Réïm, au sud d'Israël, on célébrait la fête juive de Souccot. Et le festival techno Tribe of Nova était logiquement emballé dans une tempête de décibels, ceux qui empêcheront une bonne partie des clubbeurs de réaliser que le ciel, puis la mort, s'apprêtaient à leur tomber sur la tête.

Ces soirées techno, courantes dans la région, ne sont jamais totalement autorisées. Si bien que les premiers individus armés ont été, l'espace d'une seconde, confondus avec la police qui venait simplement «mettre un terme au rassemblement sauvage». D'autres, choisiront d'ignorer les premiers signes de danger, comme le raconte notamment le Washington Post, utilisant le peu d'énergie à disposition comme un bouclier de résistance. Les dizaines de vidéos de cette rave-party, apparues après l'horreur, dévoilent toutes une jeunesse moderne, apolitique, en shorts et t-shirts, qui s'amuse.

«Les gars, nous avons une alerte rouge. Alerte rouge»
Dans les enceintes de la fête, une voix a soudain stoppé la musique et la fête, quelques secondes avant les premiers tirs.

S'amuser. Ce verbe, les francophones auront très vite le réflexe de le conjuguer dans le souvenir, dans la plaie à jamais ouverte, des attentats terroristes du 13 novembre à Paris. S'attaquer au mode de vie occidental, à cette jeunesse considérée comme dépravée, indigne. Et les témoignages des survivants rappellent cruellement ceux des Parisiens, alors en plein concert du groupe Eagles of Death Metal. En Israël et dans le reste du monde, Daesh est sur toutes les lèvres. C'est comme s'il y avait eu «une dizaine de Bataclan», dira le célèbre dessinateur Yoann Sfar, en direct sur BFMTV, dimanche soir.

«On était assis, silencieux, allongés sur le sol. Pendant ce temps, on voyait des terroristes autour de nous en train de tuer des gens, en train de les poignarder. On est resté caché là pendant six heures»
Shoam, un clubbeur rescapé, sur les ondes de RMC

Millet Ben Haim, 27 ans, a participé à la rave-party. Quelques minutes avant l'attaque, elle s'offrait un selfie avec son amie, langue et sourire de sortie, heureuse, comme de jeunes femmes de leur âge. Millet, qui se décrit sur Instagram comme vegan, second hand lover et DJ à ses heures, est active sur les réseaux sociaux, voyage à Nice, New York, Mexico, Barcelone. Une vingtenaire moderne qui, soudain, a entendu «des sirènes et des roquettes, des tonnes de roquettes». Elle et ses amies se sont «mises à courir, sans savoir où aller, sans savoir ce qui se passait».

Image

Les récits pleuvent sur la tactique des agresseurs du Hamas. Les premiers tirs désorganisés dans la foule. La volonté ferme d'empêcher quiconque de fuir, tendant des embuscades au moyen de leurs véhicules, «kidnappant un maximum de jeunes». Certaines images dévoient aussi la cruauté des meurtres, des corps démembrés qui jonchent le sable, des jeunes rassemblés dans des tentes pour y être exterminés.

La presse israélienne a très vite décrit des hordes de combattants surgissant de partout, créant un effet de panique instantané. Certains pourchasseront, à moto, les premiers fêtards visant les fourrés pour tenter de se protéger. «On voyait des gens se faire tuer à bout portant», témoignera une rescapée.

Nous nous sommes échappés et nous avons réussi à nous réfugier sous un tank. Les terroristes nous ont alors visés avec un lance-roquette»
Le jeune Chen, à la chaîne internationale I24News, basée en Israël.

Noa Argamani, l'otage et le symbole de la terreur

Image

Cette jeune étudiante en informatique incarne aujourd'hui le visage de l'horreur qui s'est abattu, samedi à l'aube, sur le festival de techno. Dans une séquence vidéo insoutenable, cette femme aux longs cheveux foncés, terrorisée, en pleurs et assise de force à l'arrière de l'une des motos des terroristes du Hamas, se fait littéralement kidnapper sous les yeux de son compagnon, impuissant.

«S'il vous plaît, ne me tuez pas!»
Image

Son père, dévasté, a lancé plusieurs appels désespérés, sur les réseaux et dans les médias israéliens. Comme lui, beaucoup de familles sont sans nouvelle de leur progéniture. Comme Noa Argamani, une centaine de jeunes serait encore aux mains des ravisseurs. Selon le dernier bilan, près de 300 clubbeurs auraient perdu la vie dans l'attaque sanglante du Hamas.

Comme souvent lors d'une rave-party, les organisateurs avaient dévoilé au dernier moment le lieu de la fête, sur Telegram. Vendredi, en fin d'après-midi, les premiers jeunes avaient reçu quelques indices:

«L’événement se déroulera dans un site naturel puissant, rempli d’arbres, d’une beauté époustouflante et organisé pour votre commodité, à environ une heure et quart au sud de Tel Aviv.»

Une description ample et poétique, pour un festival qui restera dans l'Histoire, pour Israël et le reste du monde, le témoin d'une attaque terroriste sanglante.

L'attaque du Hamas contre Israël aura des conséquences sanglantes
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Inde: sept morts dans le crash d'un hélicoptère dans l'Himalaya
Des pèlerins dont un bébé ont perdu la vie dimanche dans un nouvel accident d'hélicoptère.

Sept personnes, dont un bébé, ont été tuées dimanche en Inde dans l'accident d'un hélicoptère qui transportait des pèlerins hindous dans les montagnes de l'Himalaya indien, ont déclaré les autorités.

L’article