«Agonie. Souffrance. Il n'y a pas de mots», a dit le président israélien Isaac Herzog. «Nos coeurs – les coeurs de toute une nation – sont dévastés. Au nom de l'Etat d'Israël je demande pardon. Pardon pour ne pas vous avoir protégés en ce jour terrible. Pardon pour ne pas vous avoir ramenés à la maison en vie.»
Ce jeudi, un convoi transportant quatre cercueils est arrivé en début d'après-midi à l'institut médico-légal d'Abu Kabir à Tel-Aviv, où les corps doivent subir une autopsie en vue de permettre leur identification. Cette arrivée intervient après l'annonce par le Hamas de la remise des dépouilles d'otages israéliens, dont ceux des enfants Bibas.
Les dépouilles remises sont, selon le Hamas, celles d'Ariel et Kfir Bibas, âgés respectivement de 4 ans et huit mois et demi lors de leur enlèvement le 7 octobre 2023, ainsi que celles de leur mère, Shiri, et d'Oded Lifshitz, âgé de 83 ans ce jour-là.
Le matin à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, quatre cercueils noirs ont été transférés par le Hamas au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui les a remis à l'armée israélienne.
Le convoi des cercueils est ensuite entré dans le sud d'Israël, à Kissoufim, où il a été accueilli par des Israéliens massés sur le bord de route arborant des drapeaux nationaux, par un temps venteux et pluvieux. Avant de prendre le chemin de Tel-Aviv.
Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a affirmé que «le Hamas n'est pas un mouvement de résistance, le Hamas (entretient) un culte de la mort, il assassine, torture et parade avec des cadavres».
C'est la première fois que le Hamas remet des corps d'otages. Lors d'une mise en scène organisée à Khan Younès, des combattants cagoulés et armés palestiniens ont exposé sur un podium quatre cercueils portant chacun la photo d'un des otages. Au dessus, un poster où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu apparaît le visage maculé de sang, flanqué de dents de vampire.
La mise en scène de la remise des dépouilles d'otages est «abjecte et cruelle», a commenté le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
Le Forum des familles d'otages a confirmé que le corps de l'otage Oded Lifshitz avait été rendu par le Hamas. La famille Bibas a appelé à «ne pas faire l'éloge funèbre de (ses) proches jusqu'à ce que l'identification finale soit confirmée». Le Hamas avait annoncé en novembre 2023 la mort de Shiri Bibas et de ses enfants dans un bombardement israélien à Gaza, mais Israël n'a jamais confirmé.
Shiri Bibas et ses enfants avaient été enlevés en même temps que Yarden Bibas, époux et père, au kibboutz Nir Oz dans le sud d'Israël, à la lisière de Gaza. Mais ils ont été détenus séparément à Gaza. Les images alors diffusées par le Hamas de la mère serrant contre elle ses deux petits garçons devant leur maison, ont fait le tour du monde. Yarden Bibas, 35 ans, a été libéré le 1er février.
Kfir Bibas était le plus jeune des 251 otages enlevés le 7 octobre 2023. Avant la remise des dépouilles jeudi, 70 personnes étaient encore retenues à Gaza dont au moins 35 sont mortes, selon l'armée. Depuis le début du cessez-le-feu conclu via les médiateurs – Qatar, Egypte, Etats-Unis –, 19 otages israéliens ont été libérés contre plus de 1100 Palestiniens détenus par Israël, dans le cadre de la première phase de la trêve.
Samedi, le Hamas doit libérer six otages vivants contre des prisonniers palestiniens.
L'accord prévoit, d'ici la fin de sa première phase le 1er mars, la libération d'un total de 33 otages, dont huit morts, en échange de celle de 1900 Palestiniens détenus par Israël. Mercredi, le Hamas s'est dit prêt à libérer «en une seule fois», et non plus en étapes successives, tous les otages encore retenus à Gaza, lors de la deuxième phase de la trêve.
Les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées, le Hamas et Israël s'accusant mutuellement de violations de l'accord. La troisième et dernière phase doit en principe porter sur la reconstruction de la bande de Gaza en ruines. (ag/ats)