Dans les semaines et les mois qui ont suivi l'attaque terroriste du 7 octobre, Israël a placé en détention des milliers de Palestiniens. D'abord à Gaza, où ils sont internés dans des installations militaires, avant d'être transférés en Israël et Cisjordanie occupée.
Plus de 10 000 travailleurs de Gaza, qui se trouvaient légalement en Israël au moment de l'attaque, ont connu le même destin, de même que de nombreux Palestiniens de Cisjordanie occupée, interpellés lors de vagues d'arrestations massives.
Ces prisonniers ont «généralement fait l'objet d'une détention secrète», ce qui veut dire qu'aucune information sur leur sort n'a été transmise à leurs familles. De plus, «la plupart d'entre eux ont été internés sans inculpation ni jugement». C'est ce qu'affirme un rapport diffusé la semaine dernière par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH).
«Si les conditions de détention des Palestiniens détenus par Israël étaient déjà très préoccupantes avant le 7 octobre, la situation s'est considérablement aggravée par la suite», rappelle le HCDH. Sur la base d'entretiens avec des détenus libérés et d'informations recueillies auprès de plusieurs organisations, l'agence de l'ONU a dressé une liste des abus qu'Israël aurait commis à l'égard de ces prisonniers.
Le rapport fait état de prisons surpeuplées. Jusqu'à 20 détenus peuvent être enfermés dans une cellule conçue pour cinq personnes, ce qui les oblige à dormir à même le sol. Les punitions collectives, les passages à tabac, les humiliations et les menaces sont «systématiques».
«Des restrictions alimentaires sévères entraînent la faim et la malnutrition», poursuit le rapport. En général, les détenus manquent de tout:
Des «descentes régulières», parfois quotidiennes, sont effectuées dans les cellules, dans l'objectif de confisquer des objets personnels. Les vitres des fenêtres sont enlevées, exposant les prisonniers au froid.
Les conditions dans les centres de détention gérés par l'armée seraient encore plus rudes, note le HCDH. Les mauvais traitements sont «généralisés», tout comme les «agressions physiques graves et répétées».
Les prisonniers, «y compris les femmes et les enfants», sont soumis à toute sorte de violence: «attaques et morsures de chiens, chocs électriques, brûlures de cigarettes, waterboarding». Certains détenus ont déclaré avoir été enfermés dans des cages, ou suspendus pendant des heures avec les mains attachées au plafond - des actes constituant des «pratiques présumées de torture», souligne le rapport.
D'autres abus comprennent l'administration forcée de pilules hallucinogènes, le bandage prolongé des yeux, la privation prolongée de nourriture, de sommeil, d'eau et de soins médicaux, l'exposition prolongée au froid. Un prisonnier a raconté au HCDH avoir passé l'entièreté de sa détention, près de deux mois, menotté, les yeux bandés, sans possibilité de se doucher.
A cela s'ajoutent des «humiliations systématiques» et «délibérées». Les détenus sont parfois forcés de s'agenouiller sur du gravier, de rester nus pendant de longues périodes, de ne porter que des couches et de se voir refuser l'accès aux toilettes.
Le rapport a récolté également plusieurs témoignages de violences sexuelles. Des prisonniers ont été tabassés alors qu'ils étaient nus, y compris sur les organes génitaux; d'autres ont reçu des chocs électriques sur les parties intimes. Des insultes sexuelles généralisées et des menaces de viol collectif, ainsi que des attouchements inappropriés sur les femmes de la part de soldats, complètent le tableau.
Un Palestinien libéré à décrit «un cas particulièrement flagrant de violence sexuelle» auprès du HCDH:
Selon le HCDH, «il existe des motifs raisonnables de croire» qu'Israël ait «commis des violations et des abus flagrants, dans le cadre des détentions effectuées depuis le 7 octobre 2023, des droits à la vie, à la liberté et à la protection contre la torture et les autres mauvais traitements, ainsi que des viols et d'autres formes de violence sexuelle».