Benjamin Netanyahou était à la tribune de l'ONU la semaine dernière à New York. Le Premier ministre israélien, âgé de bientôt 75 ans, y a tenu un discours enflammé. Dans son allocution, il prédisait une attaque contre le Hezbollah au Liban:
Alors que la caméra parcourt la grande salle pour capter les réactions des diplomates présent, on aperçoit la délégation des Etats-Unis, principal allié d'Israël.
Grande absente à la table des Américains: l'ambassadrice à l'ONU Linda Thomas-Greenfield. Alors que le dirigeant s'exprime, elle tente péniblement de négocier un cessez-le-feu de trois semaines dans la région frontalière avec le Liban. Une pause pour laquelle Netanyahou aurait donné son feu vert. Mais quelques heures plus tard, les Israéliens tuent le chef du Hezbollah en bombardant Beyrouth.
Cette anecdote est symptomatique de la relation entre Washington et Jérusalem. Le ver est dans le fruit depuis des mois.
Joe Biden tente de jouer les médiateurs au Proche-Orient, mais Netanyahou ignore régulièrement les conseils et les remarques de celui qu'il connaît depuis les années 1980. Netanyahou travaillait alors à l'ambassade d'Israël à Washington, où Biden œuvrait comme sénateur spécialisé dans la politique étrangère.
De nombreux membres du gouvernement ont l'intime conviction que le premier ministre israélien sabote délibérément les efforts des Américains pour instaurer une paix - au moins temporaire - au Proche-Orient. Ils lui reprochent de s'immiscer plus que de raison dans la campagne présidentielle américaine.
Une tentative de faciliter la réélection de Donald Trump, affirment les démocrates. Car le républicain aurait laissé une large marge de manoeuvre à Netanyahou au cours de son premier mandat, de 2017 à 2021.
Il est d'ailleurs frappant de constater que Washington se garde de toute critique après le début de l'invasion du Liban. En substance, le gouvernement Biden soutient les actions israéliennes: beaucoup se remémorent les attentats suicides de 1983 où 241 militaires américains avaient alors perdu la vie à Beyrouth.
Mais le commentaire que Biden a fait à la Maison-Blanche sur l'invasion israélienne en dit long. Il a déclaré être mieux informé des plans israéliens qu'on ne le pensait. Avant d'ajouter:
Il a ainsi laissé entendre qu'il avait convaincu Netanyahou des avantages d'une «offensive terrestre limitée», en l'occurrence dans la partie sud du Liban. Personne à Washington ne sait cependant pour l'instant ce qu'il en est vraiment - et si le dirigeant israélien respectera un éventuel accord avec Washington. Joe Biden n'a ainsi d'autre choix que de réaffirmer son soutien à la population de l'état allié.
L'influence du gouvernement Biden sur Israël s'est toutefois réduite comme peau de chagrin depuis longtemps. Elle est «minimale», a déclaré ces jours-ci l'expert en politique étrangère Richard Haass au Washington Post. On ne saurait dire mieux.
Adaptation française: Valentine Zenker
