Les négociations indirectes, qui piétinaient depuis des mois, s'étaient accélérées ces derniers jours en vue d'une trêve. Le cessez-le-feu met fin au cauchemar de ses 2,4 millions d'habitants, dont la plupart ont fui leur foyer pour tenter d'échapper aux combats et aux bombardements.
L'accord âprement négocié par les médiateurs internationaux, Qatar, Etats-Unis et Egypte prévoit un échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
«Nous avons un accord sur les otages» à Gaza, a lancé le président élu américain Donald Trump sur son réseau Truth Social, ajoutant que la Maison-Blanche continuerait de «travailler en étroite collaboration avec Israël et (ses) alliés pour s'assurer que Gaza ne redevienne jamais un refuge pour terroristes».
«Cet accord épique n'a pu voir le jour que grâce à notre victoire historique en novembre», s'est-il encore félicité, alors que son futur émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a été impliqué aux côtés des représentants de l'administration Biden dans les discussions.
Le gouvernement israélien a toutefois spécifié que des «questions restaient à régler» et espérer conclure un accord «cette nuit». «Plusieurs questions restent encore à régler dans l'accord et nous espérons que les détails seront finalisés cette nuit», a indiqué le bureau de Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
«Face à la position ferme du Premier ministre Netanyahu, le Hamas a cédé à la dernière minute à sa demande de modifier le déploiement des forces (israéliennes) le long du corridor de Philadelphie», zone tampon à l'intérieur de la bande de Gaza le long de la frontière avec l'Egypte, poursuit le communiqué. La question de son contrôle ou non par l'armée israélienne était l'un des points d'achoppements dans les négociations. Avant de pouvoir entrer en vigueur, l'accord final devra être validé par un vote du gouvernement israélien.
S'il est conclu, le plan prévoit, dans une première phase, que 33 otages devraient être libérés en échange d'un millier de Palestiniens détenus par Israël, selon deux sources proches des négociations. Les otages seraient libérés «par groupes, en commençant par les enfants et les femmes».
La deuxième phase concernera la libération des derniers otages, «les soldats et les hommes en âge d'être mobilisés», ainsi que le retour des corps des otages morts, selon le Times of Israel. Un responsable israélien a cependant prévenu mardi qu'Israël ne quitterait «pas Gaza tant que tous les otages ne seront pas rentrés, les vivants et les morts».
A mesure que les négociations progressaient, Israël a multiplié les frappes meurtrières sur la bande de Gaza, affirmant viser des combattants du Hamas. Mercredi, 27 personnes ont encore été tuées, selon les secours, notamment à Deir el-Balah, dans le centre du territoire, et à Gaza-ville, dans le nord, où une frappe a touché une école abritant des déplacés.
Une seule trêve d'une semaine avait été observée fin novembre 2023 et les négociations menées depuis se sont heurtées à l'intransigeance des deux camps. Mais les pourparlers se sont intensifiés à l'approche du retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, le principal allié d'Israël, le 20 janvier, dans un climat de pression internationale accrue sur les différentes parties.
Déjà minée avant la guerre par un blocus israélien imposé depuis 2007, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza sort de la guerre plongée dans le chaos.Les Nations unies ont estimé que la reconstruction du territoire, dont plus de la moitié du bâti a été détruit, prendrait jusqu'à 15 ans et coûterait plus de 50 milliards d'euros.
Les infrastructures, notamment le réseau de distribution d'eau, ont été très lourdement endommagées.Famine, froid, et désespoir cernent les installations de fortune où s'abrite en masse la population. La plupart des enfants sont déscolarisés depuis plus d'un an. Seule une poignée d'hôpitaux fonctionne encore, partiellement.
Mercredi soir, des milliers de Palestiniens ont exulté à travers la bande de Gaza à la nouvelle de l'annonce d'un accord de trêve. A Deir el-Balah, des centaines de personnes ont manifesté leur joie devant l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa, en dansant ou brandissant des drapeaux palestiniens, selon un journaliste de l'AFP.
Plusieurs rassemblements similaires spontanés ont eu lieu en d'autres localités, selon des journalistes de l'AFP sur place ou des témoins joints par téléphone.
Du côté de l'Union européenne, celle-ci a «salué» la nouvelle. «Je salue l'accord de cessez-le-feu et l'accord sur les otages entre Israël et le Hamas, qui apporteront un répit bien nécessaire aux personnes touchées par ce conflit dévastateur», a indiqué la commissaire européenne Dubravka Suica, sur X.
«Cet accord apporte de l'espoir à toute une région, où les gens ont enduré d'immenses souffrances pendant bien trop longtemps», a applaudi la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen, sur le même réseau social.
Joe Biden, lui, s'est dit «ravi» mercredi de la future libération des otages à Gaza, prévue par l'accord. Le président américain, qui quittera la Maison Blanche lundi au lendemain de l'entrée en vigueur, a affirmé dans un communiqué que cet accord était à mettre au crédit d'une «tenace et minutieuse» campagne diplomatique américaine. (mbr)