Ces pays reconnaissent les Etats de Palestine ou d'Israël
Que la Suisse reconnaisse officiellement la Palestine comme Etat, 76 ans ans après qu'elle l'a fait pour Israël? C'est ce que réclame une initiative populaire lancée mardi. Le comité dispose de 18 mois pour réunir 100 000 signatures. Et ce n'est que le dernier des événements en date autour de ce thème brûlant.
En septembre, Emmanuel Macron a officialisé devant les Nations Unies la reconnaissance de l'Etat palestinien par la France. Elle a été suivie par de nombreux pays, comme le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, la Belgique ou encore le Portugal. Le but annoncé est de «contribuer à la réalisation d'une solution à deux Etats». Il attend des nombreux pays arabes et musulmans qui ne reconnaissent toujours pas Israël de le faire à leur tour, pour aboutir à la paix.
Car chaque pays décide de reconnaître l'indépendance, l'autonomie et la souveraineté des autres nations. La reconnaissance d'un territoire ne va pas toujours de soi, parfois freinée par des intérêts économiques ou politiques, ou encore une histoire compliquée. Le Kosovo ou Taïwan en sont de bons exemples. Qu'en est-il avec Israël et la Palestine? On fait le point.
Israël
La création de l'Etat hébreu fut le fruit d'un long processus politique international et de la présence progressive d'immigrés juifs sur le territoire de la Palestine britannique, dans la première moitié du 20e siècle. L'Etat d'Israël a été déclaré en mai 1948. La plupart des gouvernements occidentaux l'ont reconnu dès la fin des années 1940.
Mais près de 80 ans plus tard, nombre de pays n'ont toujours pas digéré la création d'une nation juive dans la région. La plupart des Etat qui ne reconnaissent pas Israël sont issus du monde arabe ou musulman.
Exception notable: la Turquie laïque a reconnu Israël en 1949 et n'a pas changé de position depuis. En 1979, l'Egypte rebattait les cartes dans la région en normalisant ses relations avec l'Etat hébreu, contre lequel elle avait perdu deux guerres, suivie par la Jordanie en 1994. En 2020, les accords d'Abraham, menés par Donald Trump, ont mené à la reconnaissance d'Israël par les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.
Certains pays musulmans ont reconnu l'Etat hébreu avant de revenir en arrière:
- La Tunisie (de 1994 à 2000)
- Oman (de 1996 à 2000)
- Le Qatar (de 1996 à 2010)
- La Mauritanie (de 1999 à 2010).
- Iran: le régime laïc du Shah reconnaît Israël en 1950, peu après la Turquie. Le pays retire sa reconnaissance en 1979, après la prise de pouvoir des mollahs. C'est aujourd'hui l'ennemi mortel d'Israël dans la région.
- Cuba: existence acceptée en 1949, mais les relations diplomatiques sont coupées en 1973 par le pouvoir de Fidel Castro — le pays est communiste depuis 1959.
- Venezuela: en 2009, après une guerre avec Gaza, le gouvernement de Nicolas Madura brise tous liens diplomatiques avec Israël.
La Russie soviétique et ses pays satellites ont retiré leur reconnaissance d'Israël en 1967, après la Guerre des Six jours, lors de laquelle elle était alignée sur les pays arabes. Mais au début des années 1990, après la chute de l'URSS, ces pays l'ont tous reconnu.
La Corée du Nord est le seul pays non arabe ou musulman à n'avoir jamais reconnu l'Etat d'Israël.
La Palestine
Un plan de partage entre Palestiniens et Israéliens est proposé par les Nationes Unies en 1947. Les musulmans de la région ne veulent pas en entendre parler. Israël déclare son indépendance en 1948 et une coalition arabe tente de l'en empêcher, sans succès. Les zones où se trouvent les populations arabes finissent par se stabiliser en deux entités principales: la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Durant la guerre froide, deux guerres avec l'Egypte suivront, dans le but de renverser l'Etat d'Israël, à nouveau sans succès. La présence israélienne étant actée par l'Egypte en 1979, la reconnaissance de la Palestine comme Etat souverain composé de deux enclaves commence en 1988, avec la déclaration d'indépendance de Yasser Arafat. De nombreux Etats arabes, musulmans et africains le reconnaissent dans la foulée. D'autres le feront plus tardivement, comme le Liban en 2008 et la Syrie en 2011.
Mais pas les pays occidentaux, qui soutiennent Israël. Nombre d'entre eux n'ont, jusqu'à la récente guerre, pas voulu reconnaître la Palestine, dont les structures politiques étaient jugées insuffisantes ou liées à des groupes islamistes, comme le Hamas, dont le but avoué est la destruction d'Israël.
Dans le sillage de la guerre commencée en 2023, le ton change. Plusieurs pays occidentaux décident de reconnaître la Palestine pour accélérer la «solution à deux Etats» et empêcher un nettoyage ethnique à Gaza. Le Mexique, en 2023, suivi l'année suivante par l'Espagne, l'Irlande, la Norvège et la Slovénie. Enfin, en septembre 2025, la France, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, le Portugal, la Belgique — et d'autres.
Plusieurs pays occidentaux se refusent toujours à le faire. On peut citer parmi eux les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, mais aussi l'Italie, l'Allemagne, le Danemark, la Grèce, l'Autriche... et la Suisse.
D'autres détails historiques:
- L'Union soviétique et les régimes communistes ont reconnu la Palestine car il étaient alliés avec les pays arabes, durant la guerre froide, contre Israël. A la chute de l'URSS, ces pays maintiennent leur soutien. Mais certains Etats qui étaient situés derrière le «rideau de fer» sont revenus en arrière, comme la Croatie, la Moldavie et les pays baltes.
- En Amérique du sud, une vague de reconnaissances agite le sous-continent dans les années 2010. Le Venezuela lance la tendance en 2009, suivi par la Bolivie, l'Equateur, l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, le Pérou et le Chili entre 2010 et 2011 La Colombie suivra en 2018.
- Le Vatican a reconnu l'existence la Palestine en juin 2015. En théorie, ce sont tous les catholiques du monde entier qui la reconnaissent dans le même temps.
Certains pays n'ont jamais reconnu la Palestine et ne comptent pas le faire. On peut citer certains pays asiatiques «occidentalisés», tels que le Japon, la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour. Mais le Panama, Djibouti, la Birmanie ou encore le Cameroun ne le reconnaissent pas non plus.