C'est le projet détonnant d'Emmanuel Macron pour l'été 2025. Il compte bien faire de la conférence sur la Palestine aux Nations unies, organisée en juin à New York par la France et l’Arabie saoudite, l'occasion définitive de parvenir à la «solution à deux Etats» entre Isräel et Palestine.
La France est secondée par le Royaume-Uni et le Canada. Les trois pays se disent «déterminés à reconnaître un Etat palestinien en tant que contribution à la réalisation d’une solution à deux Etats». Ils espèrent créer une dynamique positive pour accélérer une reconnaissance mutuelle par les pays qui y sont encore réticents, et aboutir à la paix. «La reconnaissance d’Israël par des États qui aujourd’hui ne le font pas» est donc aussi au menu.
Car à l'image de la France, dans le monde, de nombreux pays ne reconnaissent pas l'un ou l'autre. Chaque pays décide de reconnaître ou non l'existence — l'indépendance, l'autonomie et la souveraineté — des autres nations. La reconnaissance d'un territoire ne va pas toujours de soi. Elle peut être freinée ou empêchée par les intérêts ou les sensibilités historiques et politiques d'un pays. Le Kosovo ou Taïwan, par exemple, ne sont pas reconnus par l'entièreté de la communauté interntionale. Qu'en est-il avec Israël et la Palestine? On fait le point.
La création de l'Etat hébreu fut le fruit d'un processus politique international compliqué et de la présence progressive d'immigrés juifs sur le territoire de la Palestine britannique, dans la première moitié du 20e siècle. L'Etat d'Israël a été déclaré en mai 1948 et les gouvernements occidentaux l'ont reconnu dès la fin des années 1940.
Mais nombre de pays n'ont toujours pas digéré la création d'une nation juive dans la région. La plupart des Etat qui ne reconnaissent pas Israël sont issus du monde arabe ou musulman. Exception notable: la Turquie laïque, qui a reconnu Israël en 1949 et n'a pas changé de position depuis.
En 1979, l'Egypte rebattait les cartes dans la région en normalisant ses relations avec l'Etat hébreu, contre lequel elle avait perdu deux guerres. Il a été suivi par la Jordanie en 1994. En 2020, les accords d'Abraham, menés par Donald Trump, ont mené à la reconnaissance d'Israël par les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.
D'autres pays musulman ont reconnu l'Etat hébreu avant de revenir en arrière, comme la Tunisie (de 1994 à 2000), Oman (de 1996 à 2000), le Qatar (de 1996 à 2010) ou la Mauritanie (de 1999 à 2010). D'autres ont aussi changé d'avis au gré des changements de régime:
La Russie soviétique et ses pays satellites ont retiré leur reconnaissance d'Israël en 1967, après la Guerre des Six jours, lors de laquelle elle était alignée sur les pays arabes. Mais au début des années 1990, après la chute de l'URSS, ces pays l'ont tous reconnu.
La Corée du Nord est le seul pays non arabe ou musulman à n'avoir jamais reconnu l'Etat d'Israël.
La plupart des 193 Etats reconnus par l'ONU font consensus. Mais deux territoires sont des «Etats non membres» avec un statut d'observateur permanent: la Palestine et le Vatican. Son existence est reconnue mais son Etat comme formation politique n'est pas intégré au «concert des nations». Les territoires palestiniens sont composés de deux entités principales: la bande de Gaza et la Cisjordanie, où la colonisation israélienne est active.
Les pays occidentaux ne reconnaissent pour la plupart pas la Palestine et ne l'ont jamais fait. On peut y ajouter d'autres pays asiatiques «occidentalisés», tels que le Japon, la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour. Mais le Panama, Djibouti, la Birmanie ou encore le Cameroun ne le reconnaissent pas non plus.
Dans le sillage des récentes destructions à Gaza, dix pays ont changé d'avis et ont officialisé la reconnaissance de la Palestine. Le Mexique tout d'abord, en 2023. Puis en 2024, on peut citer l'Espagne, l'Irlande, la Norvège et la Slovénie.
Historiquement, les premiers pays à reconnaître la Palestine sont des Etats arabes, musulmans et africains, en 1988, après la déclaration d'indépendance du président de l'autorité palestinienne Yasser Arafat. D'autres le feront plus tardivement, comme le Liban en 2008 et la Syrie en 2011.
L'Union soviétique et les régimes communistes ont eux aussi reconnu la Palestine car il étaient alliés avec les pays arabes, notamment l'Egypte, contre Israël. A la chute de l'URSS, ces pays maintiennent leur soutien. Mais certains Etats qui étaient situés derrière le «rideau de fer» sont revenus en arrière, comme la Croatie, la Moldavie et les pays baltes.
En Amérique du sud, une vague de reconnaissances agite le sous-continent dans les années 2010. Le Venezuela lance la tendance en 2009, suivi par la Bolivie, l'Equateur, l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, le Pérou et le Chili entre 2010 et 2011 La Colombie suivra en 2018.
Le Vatican a reconnu l'existence la Palestine en juin 2015. En théorie, ce sont tous les catholiques du monde entier qui la reconnaissent dans le même temps.