Silvio Berlusconi s'était rendu mercredi à la clinique San Raffaele de Milan pour des problèmes respiratoires aigus. Il était accompagné de sa compagne Marta Fascina, de 54 ans sa cadette. Il a été immédiatement transféré dans l'unité de soins intensifs et placé sous respiration artificielle.
Dans un premier temps, il a été dit que l'ex-Premier ministre souffrait d'une pneumonie. Mercredi, les médias italiens ont rapporté que la pneumonie était une maladie concomitante d'une leucémie, dont le public n'avait pas connaissance jusqu'à présent.
Aucune confirmation officielle de la part de l'hôpital n'était encore disponible. Ce qui est sûr, c'est qu'une combinaison de leucémie et de pneumonie met en danger la vie d'un patient de 86 ans. En raison de la première maladie, Berlusconi aurait commencé une chimiothérapie.
La gravité de son état de santé se reflète également dans le fait que ses cinq enfants se sont précipités dès mercredi à son chevet: les deux descendants de son premier mariage, Marina et Piersilvio, ainsi que Barbara, Eleonora et Luigi. Le frère cadet de Berlusconi, Paolo, s'est également rendu à l'hôpital. En sortant de la clinique, celui-ci a déclaré:
L'intérêt pour l'homme n'a rien d'étonnant: Berlusconi a marqué la politique italienne pendant trois décennies comme aucun autre responsable de l'après-guerre. Avec ses escapades et ses scandales, il a toujours fait la une des journaux. Toute une génération d'Italiens n'a vécu la politique nationale qu'à travers lui, soit en tant que chef du gouvernement, soit en tant que leader de l'opposition.
Son influence a certes diminué ces derniers temps: son parti Forza Italia est le plus petit partenaire de coalition dans le gouvernement de droite de Giorgia Meloni, derrière Fratelli d'Italia et la Ligue de Matteo Salvini. Et pourtant: sans le parti de Berlusconi, le gouvernement n'aurait plus de majorité au Parlement.
C'est pourquoi, à Rome, on s'est déjà empressé de spéculer sur les scénarios possibles qui se présenteraient pour Forza Italia et le gouvernement en cas de décès de Berlusconi. Le sort de son parti est pour le moins incertain. Giuliano Urbani, ex-ministre dans les deux premiers gouvernements de Berlusconi et membre du parti depuis la première heure, affirme:
Sans Berlusconi, il est difficile d'imaginer la pérennité de Forza Italia. Comme le suppose le journal de centre-gauche Repubblica, il y aura tôt ou tard une «fuite en masse» des députés et sénateurs vers d'autres partis.
Pourtant, Giorgia Meloni n'aura guère à craindre pour son gouvernement: cet exode massif conduira la majeure partie des «forzisti», comme on appelle les membres du parti de Berlusconi, vers Fratelli d'Italia ou la Lega, c'est-à-dire d'un parti de gouvernement à l'autre.
A plus long terme, la fin de la longue ère Berlusconi pourrait également être une chance pour l'Italie bourgeoise. Un parti chrétien-démocrate «normal» pourrait à nouveau voir le jour, comme cela a déjà été le cas avec la Democrazia Cristiana (DC).
La DC avait disparu en 1992 dans un marécage de corruption, Berlusconi avait comblé le vide politique avec son Forza Italia. Depuis, l'Italie ne compte plus que des populistes et des nationalistes à droite du centre. Si le «lion» devait perdre son dernier combat, il y aurait au moins une vague possibilité que cette «anomalie italienne» soit surmontée.