Un maire qui avait démissionné après avoir fait l'objet de 99 accusations de harcèlement sexuel a été élu conseiller municipal dans une ville japonaise. C'est ce qu'ont annoncé lundi des responsables locaux, suscitant la colère et la stupéfaction sur internet.
Hideo Kojima avait démissionné en mars 2024 après qu'une enquête officielle l'a accusé d'avoir commis des actes de harcèlement, notamment d'avoir touché la poitrine et les fesses d'une collègue.
Mais un responsable de la ville de Ginan, dans le centre du pays, a déclaré à l'AFP que Kojima avait été élu au conseil municipal, le site internet de la ville indiquant qu'il avait obtenu le deuxième plus grand nombre de voix parmi les 16 candidats.
«Cela prouve que les habitants me font confiance», a réagi Kojima lundi sur une chaîne de télévision locale, ajoutant: «Ne mentionnez plus jamais» les accusations de harcèlement sexuel.
Sur les réseaux sociaux, certains exprimaient leur stupéfaction: «Les électeurs de la ville se moquent donc des employées victimes de harcèlement sexuel? Honte à vous», a écrit un internaute sur X. «Je suis tellement choqué que je reste sans voix. Je suis désolé pour les employées», a écrit une autre personne sur la plateforme Yahoo Japan.
Lors d'une conférence de presse l'année dernière, M. Kojima avait nié certains faits. Il a déclaré que ses gestes pouvaient ressembler à des étreintes, mais qu'il n'en était rien.
Selon la chaîne de télévision publique NHK, Kojima a déclaré n'avoir pas lu l'intégralité du rapport d'enquête, qui affirmait qu'il disait à ses subordonnées que «ses mains étaient douces... pour forcer les employées à les toucher». Le rapport indique:
Certaines employées utilisaient un spray désinfectant après avoir été touchées, selon le rapport, qui détaillait également des remarques et requêtes inappropriées, comme de demander à une employée de se pencher en avant.
La proportion de femmes en politique est faible au Japon, qui se classait 118e sur 148 nations dans le rapport 2025 du Forum économique mondial sur les inégalités femmes-hommes. Le mouvement mondial #MeToo a mis du temps à s'ancrer dans l'archipel, et beaucoup de victimes de harcèlement hésitent à s'exprimer, même si quelques affaires très médiatisées ont récemment provoqué une prise de conscience. (jah/ats)