Devant les caméras de télévision, il ne donne pas l'impression d'être un homme d'action. Mais le fait est que peu de présidents ont empoigné autant de dossiers que Joe Biden en un seul mandat. C'est à la lumière de ses succès et de ses échecs que Kamala Harris sera jugée pendant la campagne électorale, elle qui a toujours été loyale au patron. Voici les principales réalisations du président américain au cours de ces trois ans et demi.
Joe Biden a réussi à forger une alliance occidentale robuste contre Vladimir Poutine après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il a fait passer au Congrès des paquets d'aide gigantesques pour l'Ukraine et, contrairement aux partenaires européens plus craintifs, les Etats-Unis ont fourni des armes rapidement et en grande quantité. Il est bien possible que sans l'action déterminée de Joe Biden, Vladimir Poutine se serait emparé de l'Ukraine.
Pour Joe Biden, qui a été politisé à l'époque de la guerre froide, il s'agissait de quelque chose de plus grand: la concurrence systémique entre les démocraties et les autocraties. Après la présidence de Donald Trump et son comportement de «copain-copain» avec les autocrates de Russie, de Chine et de Corée du Nord, c'était un tournant important. Il n'est toutefois pas certain que cela aide Kamala Harris: Donald Trump la présente comme une faible, que les dirigeants étrangers ne «prendraient pas au sérieux».
Si Donald Trump a perdu contre Joe Biden en 2020, c'est aussi en raison de sa gestion catastrophique de la pandémie. Il a égaré beaucoup de sa popularité dans cette bataille. Joe Biden a tenu parole après son élection: il a poussé à la vaccination, au dépistage et au port du masque. Le nombre de personnes infectées et de morts a diminué.
De plus, il a immédiatement signé un plan d'aide Covid d'une valeur de 1,9 billion de dollars pour soutenir les familles, les chômeurs et également les entreprises. Pour Kamala Harris, le succès du Covid est toutefois une épée à double tranchant: pour les anti-vaccins et les anti-masques, elle est devenue l'ennemie.
Donald Trump ne faisait qu'en parler en tant que président, mais Biden a fait quelque chose de concret pour améliorer l'infrastructure défaillante des Etats-Unis. Il a promulgué une loi sur les infrastructures d'un montant de 1 billion de dollars: les ponts, les aéroports et les systèmes ferroviaires seront ainsi rénovés, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps. Mais de nombreux projets sont encore en suspens. L'offensive en matière d'infrastructures doit être poursuivie par Kamala Harris – Donald Trump, quant à lui, bloquerait probablement beaucoup de choses.
En 2021, Joe Biden a tenu une promesse électorale. Il a mis fin à la participation des Etats-Unis à la guerre en Afghanistan, qui durait depuis 20 ans. Une décision en soi populaire, mais dont la mise en œuvre a tourné au désastre. Le retrait des troupes américaines s'est déroulé de manière chaotique et les talibans ont rapidement pris le contrôle d'une grande partie du pays. Les images de Kaboul et des nombreux morts restent dans les mémoires. La cote de popularité de Joe Biden s'est effondrée et ne s'est jamais rétablie.
Joe Biden n'a pas seulement inversé la politique Covid de Donald Trump, mais aussi sa stratégie migratoire. Il voulait être plus humain, mais il a surtout réussi à faire augmenter les passages illégaux de la frontière depuis le Mexique. Les sondages ont rapidement montré que cela lui portait préjudice – tout comme à Kamala Harris, à qui Joe Biden a confié ce dossier ingrat. Kamala Harris s'est aussi attiré des critiques de la gauche, qui la trouvait trop dure.
L'image selon laquelle le gouvernement ne fait pas assez pour lutter contre l'immigration illégale et la criminalité qui y est liée s'est renforcée au sein de la population. Joe Biden et Kamala Harris ont progressivement durci leur politique. Le mois dernier, Joe Biden a décidé une nouvelle fois de refuser le droit d'asile aux migrants qui traversent illégalement la frontière sud.
It's the economy, stupid! C'est l'économie qui compte, Bill Clinton l'avait déjà compris. Globalement, cela devrait rendre les démocrates confiants: après la récession causée par le Covid, l'économie a renoué avec la croissance et des millions de nouveaux emplois ont été créés. Mais il y a un hic: les prix ont fortement augmenté et cela marque davantage la perception de la population que les chiffres du PIB et les cours de la bourse. L'inflation a atteint un niveau qui n'avait plus été vu depuis le début des années 80. Selon les économistes, le plan d'aide Covid de Joe Biden a contribué à la hausse de l'inflation.
Traduit et adapté par Tanja Maeder