Jeudi, coup de théâtre (redouté): Barack Obama, l'allié de coeur de Joe Biden, celui qui le défendait corps et âmes, émet désormais de gros doutes: «L'ancien président Obama a déclaré à ses alliés ces derniers jours que le chemin vers la victoire du président Biden s'était considérablement réduit», révélait le Washington Post jeudi soir. Outch.
Le très respecté ancien président succède ainsi au très influent sénateur californien Adam Schiff, qui s'ajoute à la longue liste de démocrates enjoignant leur boss à jeter l’éponge. Ils sont près d’une vingtaine désormais. Sans parler de tous les proches à lui avoir fait part, en privé, de leurs inquiétudes s'il restait sur le ticket. Et pas des moindres, puisque les patrons des démocrates au Sénat et à la Chambre, Chuck Schumer et Hakeem Jeffries, se font beaucoup de soucis.
Bref, la rébellion gronde et s’intensifie.
Notons également qu'après son débat déplorable avec Donald Trump, les dons ont fondu comme neige au soleil. Plusieurs sources de la campagne ont parlé à NBC News de l’évolution désastreuse de la collecte de fonds au cours des dernières semaines.
Le président est actuellement à la traîne dans tous les Etats clés face à son rival Donald Trump, selon les moyennes des sondages de RealClearPolitics. Même ses fans de la première heure l’enjoignent à abandonner à coups de panneaux au bord des trottoirs, à chaque déplacement du démocrate.
Près de deux tiers des démocrates souhaitent qu'il abandonne la course, selon une étude publiée mercredi par l'Associated Press et NORC, un institut indépendant de l'Université de Chicago.
Si Joe Biden «ne se laissera pas traîner hors de la scène et que l'objectif est de le laisser la quitter tout seul», comme le soufflait un proche du président, une poignée de hauts responsables démocrates ont confié jeudi soir au média Axios que son abandon sera «sûrement annoncé ce week-end».
Sans surprise, l'équipe de campagne du président a immédiatement botté ces «rumeurs sans fondement» en touche. Pourtant, d'autres indiscrétions, apparues plus tôt cette semaine, arguait que Biden attendrait quoiqu'il arrive la fin de la convention républicaine pour éventuellement se retirer.
Et vous, vous avez prévu quoi pour dimanche?
Les tractations politiques pour le remplacer vont si loin que, dans l’hypothèse où Kamala Harris prendrait sa place comme candidate démocrate, on lui a déjà trouvé un vice-président tout désigné: Mark Kelly, 60 ans. Sénateur blanc, patriote, centriste, militaire, proud dad et mari irréprochable, et même… astronaute! Bon, il est chauve, mais c’est un détail.
Le Daily Beast a réussi à mettre la main sur un «discours de victoire», un brouillon rédigé par un important donateur démocrate, que Joe Biden pourrait prononcer devant son parti, avant de quitter la course avec grâce. Le projet de texte n'a pas encore été envoyé à l'équipe de campagne de Biden, mais il aurait déjà largement circulé.
Après des jours et des jours à faire l’autruche, le président serait devenu «plus réceptif» et prompt à «écouter» les arguments selon lesquels il devrait abandonner la présidentielle, selon le New York Times et CNN, jeudi. A en croire des démocrates «informés de ses conversations», Joe Biden aurait même posé des questions sur les chances de Kamala Harris de l'emporter.
Mieux vaut tard que jamais, comme on dit.
Quand on parle du loup. Depuis la performance désastreuse de son président face à Donald Trump, lors du premier débat télévisé, la vice-présidente enchaîne les apparitions et les prises de parole. Bien sûr, si Kamala Harris ouvre la bouche, c'est avant tout pour défendre publiquement son patron. Dans l'heure qui suivait la débâcle, elle louait déjà ses compétences, après avoir admis que ce n'était pas sa meilleure prestation:
Il faut dire aussi qu'elle n'a pas tellement intérêt à agir autrement et qu'on ignore si ses arguments favorables au maintien de Joe Biden sont sincères.
Trahir le président avant son abandon? No way!
Toujours est-il que sa médiatique prise de muscles, ses derniers jours, se déploie en rythme avec la chute de popularité du président des Etats-Unis. Même si Kamala Harris se doit de jouer au bon soldat jusqu'à nouvel ordre, l'image est primordiale (regardez le buzz autour du pansement de Donald Trump...). Et à ce niveau-là, il faut avouer qu'elle a du retard à rattraper, si d'aventure elle venait à remplacer Joe Biden.
Dans la foulée de la nomination de l'écrivain et sénateur JD Vance au poste de colistier de Donald Trump, Kamala Harris lui a proposé trois dates au bout du fil, pour un débat télévisé entre vice-présidents potentiels. Hélas, ce qui pouvait passer pour une approche intelligente, s'est très vite retourné contre Joe Biden lui-même.
Mercredi, dans une communication officielle sous la toute fraîche bannière Trump-Vance, le clan républicain s'est moqué de la crise politique qui lacère actuellement le parti démocrate pour... botter l'invitation en touche.
Enième preuve de la disparition (stratégique) de Joe Biden des radars républicains, les huiles du GOP se sont chacune leur tour acharnées sur Kamala Harris, durant leur convention nationale à Milwaukee: «Kamala n’avait qu’une seule mission, réparer la frontière. Imaginez-la maintenant à la tête de tout le pays?», a notamment mitraillé Nikki Haley mercredi.
Quand ton pire ennemi n'a plus peur de toi, c'est sans doute qu'il est l'heure de partir.
On va se contenter de vous donner deux exemples très récents. Bien que l'excellent Jon Stewart soit un éditorialiste sachant donner des mauvais points à gauche comme à droite, il faut avouer que ces derniers jours, The Daily Show n'en a eu que pour (ou plutôt contre?) Joe Biden.
Pour être plus précis, l'émission satirique, qui rêve de voir Biden et Trump lâcher la rampe, se désole tous les jours des tuiles qui atterrissent sur le coin de la gueule des démocrates. Le dernier tacle date d'ailleurs de jeudi matin, quand le monde a appris que le président avait chopé le Covid.👇
Pire encore, cette nuit, une journaliste de la chaîne progressiste MSNBC a osé une comparaison... disons... risquée. Alors que le plateau débattait de la santé du président, après l'annonce de sa positivité au Covid-19, Joy Reid a soudain mis sur un pied d'égalité la tentative d'assassinat de Donald Trump et le virus qui s'attaque à Joe Biden. (Si, si...)
Pourquoi? Parce qu'elle est consciente du formidable pouvoir médiatique et politique d'une survie à un attentat: «Tous les médias du monde ont dit que ça offrait un sentiment de puissance à Trump», a-t-elle commencé par affirmer (à raison).
C'est ensuite que ça se gâte:
Joy Reid is the most retarded bitch on the planet pic.twitter.com/1elNqmDKAM
— Hodgetwins (@hodgetwins) July 18, 2024
En d'autres termes, pas mal de médias plus volontiers démocrates semblent en panique, depuis le débat du mois de juin et surtout depuis le coming-out du New York Times, qui fut le premier journal progressiste à lâcher officiellement Biden.
Alors que tous ses amis le lâchent les uns après les autres, le président-candidat enchaîne les déconvenues et les maladresses. Comme si sa petite étoile avait aussi décidé de s'éteindre. Confondre Zelensky et Poutine? C'est fait. Kamala et Trump? Aussi. Devoir prier publiquement pour Donald Trump et sa famille après l'attentat? Idem.
Enfin, cette nuit, on a eu l'énième preuve que son karma est littéralement aux abois. Deux heures à peine avant d'annoncer avoir contracté le Covid-19, il clamait haut et fort que seul un problème de santé pouvait le faire lâcher l'affaire. A ce niveau de responsabilités, avouons que la coïncidence (la malédiction?) est extraordinaire.
Ecrire «Je suis malade» au moment où la planète ne croit plus en ta santé, c'est proprement incompréhensible. Que lui est-il passé par la tête? D'autant que la première publication a été visionnée dix fois plus que la seconde. Un couac de communication qui fait suite, hélas, à de nombreux autres.
Là, nul besoin d'en faire un roman. Non seulement le candidat républicain est littéralement un miraculé, depuis la tentative d'assassinat de samedi dernier, mais les récentes décisions prises par la Cour suprême sont toutes en sa faveur. Aux yeux du monde, Donald Trump est désormais un (véritable) survivant qui ne risque plus d'être sérieusement inquiété par la justice avant le 5 novembre.
Comment Joe Biden peut-il sérieusement régater?