Les Etats-Unis reprochent à l'Australien la publication en 2010 par son site WikiLeaks de 250 000 câbles diplomatiques et d'environ 500 000 documents confidentiels portant sur les activités de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan.
Des poursuites pour «piratage informatique» ont été lancées secrètement fin 2017 contre Julian Assange. Mais il n'a été inculpé pour «espionnage» qu'en mai 2019, en vertu d'une loi votée en 1917 pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles en temps de guerre.
S'il est transféré aux Etats-Unis, Julian Assange sera jugé devant un tribunal fédéral en Virginie et devra répondre de 17 chefs d'inculpation, dont obtention et divulgation d'informations relatives à la défense nationale. Il encourt jusqu'à 175 ans de prison.
Le procès devrait faire l'objet d'une âpre bataille autour du Premier amendement de la Constitution, qui protège la liberté de la presse. Pour tenter d'y échapper, les autorités américaines martèlent que Julian Assange n'est ni «un journaliste» ni «un éditeur de presse», et qu'il a mis en danger des agents et des sources militaires.
Le dossier pose des questions juridiques difficiles à l'heure où les journalistes-citoyens essaiment sur internet. Il est probable qu'il fasse l'objet de recours jusqu'à la Cour suprême.
En janvier 2021, un tribunal britannique avait refusé la demande d'extradition américaine, en estimant que les conditions d'incarcération aux Etats-Unis risquaient d'alimenter ses tendances suicidaires.
Le gouvernement américain a finalement convaincu une cour d'appel de lui donner raison en fournissant plusieurs garanties:
Les défenseurs de Julian Assange ne font pas confiance aux Etats-Unis, qu'ils accusent d'avoir «souvent brisé leurs promesses en matière de détention».
Les associations de défense de la liberté de la presse ont critiqué son inculpation pour «espionnage», jugée dangereuse pour les journalistes. Elles devraient se mobiliser en sa faveur.
Dans un pays très attaché à son armée, les révélations de WikiLeaks ont été diversement appréciées. Si certains Américains ont loué la dénonciation de bavures militaires, d'autres ont vivement critiqué la mise en danger d'agents de terrain.
Pendant la campagne électorale de 2016, Julian Assange s'est aussi aliéné une partie de la gauche en publiant des courriels volés par des pirates russes à l'équipe de la candidate démocrate Hillary Clinton, qui ont donné un avantage à Donald Trump. Selon un sondage réalisé en avril 2019, 53% des Américains soutenaient son extradition vers les Etats-Unis et seulement 17% s'y opposaient.
L'Australien a 14 jours pour faire appel devant la Haute Cour britannique du décret d'extradition signé par la ministre de l'Intérieur Priti Patel. Si la haute juridiction s'en saisit, l'audience n'aura sans doute pas lieu avant 2023.
Julian Assange pourrait également saisir la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), un processus généralement long.
En dehors des recours légaux, son extradition pourrait être retardée pour des raisons médicales si sa santé se détériore. Sa femme a assuré qu'il avait fait un micro AVC en octobre dernier. (sas/ats)