Au moins 25 membres de la force internationale emmenée par l'Otan au Kosovo ont été blessés, lundi, dans des heurts avec des manifestants serbes qui réclament le retrait de maires albanais, les médias serbes faisant état de dizaines de blessés parmi les protestataires.
Depuis quelques jours, la situation est très tendue dans le nord du Kosovo, où de nombreux membres de la communauté serbe majoritaire dans quatre villes de cette région ne reconnaissent par l'autorité de Pristina et sont fidèles à Belgrade.
Les Serbes ont boycotté les municipales d'avril dans ces localités, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais malgré la très faible participation, de moins de 3,5%.
Ces édiles ont été intronisés la semaine dernière par le gouvernement d'Albin Kurti, le premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d'Albanais, faisant fi des appels à l'apaisement lancés par l'Union européenne et les Etats-Unis.
Les protestataires serbes qui s'étaient rassemblés en particulier devant la municipalité de Zvecan réclament le retrait des maires albanais mais aussi celui des forces de police du Kosovo, auxquelles ils se sont heurtés.
Les soldats de la KFOR, munis de boucliers et de bâtons, ont initialement tenté de séparer les deux parties en présence avant de commencer à disperser la foule, a rapporté une journaliste de l'AFP.
Des protestataires ont répliqué en lançant des pierres et des cocktails Molotov en direction des soldats avant d'être repoussés à plusieurs centaines de mètres de la municipalité de Zvecan.
En contenant les franges les plus actives de la foule, environ 25 soldats des contingents italien et hongrois de la KFOR ont été la cible d'attaques non provoquées et ont subi des blessures traumatiques avec des fractures et des brûlures dues à l'explosion d'engins incendiaires, a déclaré la KFOR dans un communiqué.
Ces attaques ont été qualifiées de «totalement inacceptables» par l'Alliance atlantique à Bruxelles.
Plus de 50 Serbes ont été blessés dans les affrontements, dont deux grièvement, a annoncé la RTS, la télévision d'Etat serbe. Une autre personne est dans un état critique, selon la même source.
La Serbie n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province et des tensions éclatent régulièrement.
Les Serbes ont démissionné en masse en novembre des institutions locales dans le nord du Kosovo et Pristina avait décidé d'organiser des scrutins municipaux pour tenter de mettre fin au vide institutionnel.
Des incidents s'étaient déjà produits vendredi dans cette région lorsque des maires kosovars albanais étaient allés prendre leurs fonctions accompagnés par la police. Quelque 120 000 Serbes vivent au Kosovo qui compte 1,8 million d'habitants au total, très majoritairement albanais. (jah/ats)