La guerre en Ukraine est probablement la première guerre où l'on parle aussi ouvertement des questions LGBTIQ+. Mais comment se passe le quotidien de ses personnes, engagées sur le front? Trois d'entre elles témoignent.
Avant de s'engager dans le conflit – dans la région de Donetsk –, Viktor était traducteur et chef de projet. Il raconte au Tagesspiegel son expérience de soldat en tant que personne queer.
Viktor dit avoir de nombreux amis et collègues dans la guerre «qui prennent sa défense». En effet, dès que quelqu'un a des questions ou qu'il y a des malentendus, ses «frères» le défendent (c'est ainsi qu'il appelle ses collègues).
«Ici, nous sommes tous des êtres humains, raconte Viktor. On évalue les gens en premier lieu en fonction de leurs qualités humaines et de leur efficacité dans l'unité et au combat.» D'après lui, «si vous êtes une bonne personne», le fait d'être hétérosexuel ou homosexuel ne joue aucun rôle.
L'Etat est toutefois en retard sur le plan juridique:
Selon Viktor, cela doit changer. Mais il part du principe que ce problème sera bientôt résolu. Il espère que l'on pourra introduire une égalité totale en matière de mariage. «Je suis avec mon copain depuis deux ans, pourquoi devrions-nous être traités différemment?»
Viktor était déjà au front en 2014 en tant que volontaire, rapporte le Tagesspiegel. Il a servi jusqu'en 2016, date à laquelle lui est venue l'idée de créer une association pour les personnes queer dans l'armée. L'association LGBT Military and Our Allies existe donc depuis 2018.
Sur Facebook, ils comptent environ 4000 abonnés. «Ce sont des représentants de la société civile, par exemple des journalistes ou des avocats et des hétérosexuels dans l'armée, qui nous soutiennent ouvertement», raconte Viktor. De nombreuses personnes queer sont représentées dans l'association: les homosexuels, les bisexuels, les non-binaires et les personnes transgenres qui sont engagées dans la guerre ont désormais un safe space.
Borys est infirmier militaire de combat. Il passe des mois sur le front à former les soldats. Il leur apprend par exemple à poser un garrot, arrêter les hémorragies et soigner les blessures par balle. Il raconte son histoire au journal polonais Wiadomosci. «En temps de guerre, c'est plus facile de faire son coming-out. Quand la mort vous regarde dans les yeux, on n'a pas le temps d'hésiter».
Son unité sait qu'il est gay:
L'homophobie est cependant très répandue en Russie et en Ukraine: «Nous avons aussi des organisations en Ukraine qui défendent les valeurs traditionnelles. Bizarrement, cela sonne exactement comme la propagande russe», raconte Borys dans le média polonais. Il ajoute: «Selon les messages de la propagande russe, tous les gays ont quitté le pays. Mais je suis ici et je me bats pour mon pays».
Lorsque les Russes ont envahi le pays, Oleksander s'est engagé volontairement comme ambulancier. Lui aussi décrit à Wiadomosci les expériences qu'il a vécues pendant la guerre.
L'homme voulait depuis toujours devenir pédiatre: «Je parlais aux blessés comme à des enfants», relate-t-il. Il appliquait des pansements sur les blessures, soufflait sur la plaie et leur décernait un badge de patient courageux. «Ils revenaient sous n'importe quel prétexte. Comme chez le psychologue.»
Il poursuit: «Tout le monde a besoin de chaleur. Surtout dans ces circonstances». Il a rapidement découvert qui était homophobe et qui n'avait pas de problème avec lui. Il voulait que ses collègues de l'unité le connaissent: