«L'ambiance était plutôt cosy, à tel point que l'on s'est d'abord demandé si c'était vraiment une interview politique ou une séance chez le psy». Julien Bellver, journaliste pour l'émission «Quotidien» a décidé de s'attarder sur le grand rendez-vous de la semaine sur LCI. A savoir, un entretien d'une heure et 16 minutes entre Darius Rochebin et Marine Le Pen, enregistré pour l'occasion à l'extérieur et plus précisément à la Maison de la Chimie, à Paris.
C'est la première apparition officielle de la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, depuis le décès de son père, Jean-Marie, le 7 janvier dernier. Une rentrée politique qui méritait bien, à en croire l'émission de Yann Barthès, quelques tacles dans les tibias du plus français des journalistes suisses. En cause? Des questions plutôt émotionnelles et profondes, au lieu d'uppercuts politiques.
Pour appuyer sa vanne, Julien Bellver pouvait compter sur un montage rapide des questions qu'il considère les plus mielleuses:
Rire dans le public, la séquence d'infotainment est donc réussie. Pourtant, ce soir-là, Darius Rochebin n'a pas vécu un long fleuve tranquille. Toujours souriant et stoïque, le journaliste suisse a dû encaisser quelques coups de la figure du Rassemblement national.
Un échange a été particulièrement tendu entre les deux personnalités. Alors qu'il tentait à un moment donné un parallèle entre la politique américaine et française, Rochebin a osé évoquer la victoire en 2008 de «Barack Obama, de gauche, noir, très beau pied de nez au racisme aux Etats-Unis», par rapport à celle de «Donald Trump qui est politiquement, à bien des égards, le contraire». Marine Le Pen a manqué de s'étouffer.
L'hôpital se fout un peu de la charité, même si Marine Le Pen doit moyennement apprécier les rires sur son introspection et son deuil, mais ces quelques moments de télés prouvent une nouvelle fois que Darius Rochebin maîtrise l'art de l'interview. A sa manière, en soufflant le chaud et le froid, en alternant entre l'attaque frontale et la caresse tactique.
(fv)