La Chine a simulé des frappes contre des «cibles clés» à Taïwan dimanche, au deuxième jour d'un exercice «d'encerclement total» programmé jusqu'à lundi. Il s'agit pour Pékin d'envoyer un «sérieux avertissement» aux autorités de l'île après la rencontre de sa présidente avec un haut responsable américain.
Baptisée «Joint Sword», l'opération a été vivement dénoncée par Taïwan. Les Etats-Unis ont appelé Pékin à la «retenue», assurant garder «ouverts» ses canaux de communication avec la Chine.
Ces manoeuvres ont été lancées après la rencontre mercredi en Californie de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen avec le Speaker de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy. Pékin avait promis de réagir avec des mesures «fermes et énergiques».
Les manoeuvres visent à «prendre le contrôle de la mer, de l'espace aérien et de l'information (...) afin de créer une dissuasion et un encerclement total» de Taïwan, a affirmé samedi la télévision d'Etat chinoise. Dimanche, le ministère de la Défense taïwanais a détecté 9 navires de guerre et 58 avions chinois autour de l'île.
Dimanche, l'armée chinoise a simulé des «frappes de précision» contre des «cibles clés sur l'île de Taïwan et dans les eaux environnantes», impliquant des dizaines d'avions et des troupes au sol, selon la télévision d'Etat. Des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés selon Pékin.
La Chine considère Taïwan (23 millions d'habitants) comme une province qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Washington a réitéré samedi son appel à «ne pas modifier le statu quo».
Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes chinoises locales.
Ces exercices, qui revêtent une dimension «opérationnelle», sont destinés à démontrer que l'armée chinoise sera prête, «si les provocations s'intensifient», à «régler une fois pour toutes la question de Taïwan», a indiqué à l'Agence France-presse (AFP) l'expert militaire Song Zhongping.
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis qui, malgré l'absence de relations officielles, fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.
Pour Pékin, ces exercices militaires sont «une nécessité» pour «marquer des points politiquement» auprès de la population chinoise, a affirmé à l'AFP James Char, expert de l'armée chinoise à l'Université de technologie de Nanyang à Singapour.
Pour autant, une escalade de la même intensité que celle d'août 2022 semble a priori écartée, selon Char. Pékin tente de «réchauffer» ses relations avec l'Europe et a attendu la «fin» d'une visite d'Etat du président français Emmanuel Macron pour lancer ses exercices, relève-t-il.
L'été dernier, la Chine avait engagé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan et tiré des missiles en réponse à une visite sur l'île de la démocrate Nancy Pelosi, qui occupait alors le poste de McCarthy au perchoir de la Chambre.
Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan) en vertu du «principe d'une seule Chine» défendu par Pékin. (dal/afp)